• Les rois du patin, de Josh Gordon & Will Speck (USA, 2007)

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Où ?
A la maison, en DVD zone 2

Quand ?
Samedi soir

Avec qui ?
Ma femme, qui l’avait vu au cinéma avec moi, et mon frère, qui a découvert une perle de plus dans la famille des comédies crétines donc géniales

Et alors ?

Vous ne riez plus ? La vie est terne, le printemps n’arrive pas, Nicolas Sarkozy est toujours au pouvoir, Pierre Desproges est mort depuis 20 ans, votre chat vous fait la tronche ? Oubliez tout
ça et découvrez Will Ferrell. Vous connaissez Will Ferrell ? Si la réponse est oui, c’est sûrement que quelqu’un d’un peu décalé dans votre entourage vous a fait découvrir, plus ou moins de
force, un de ses films. Si la réponse est non, c’est tout à fait normal : Will Ferrell est un postulant de choix au titre de plus grand comique actuel inconnu en France. Son avant-dernier
film avant Les rois du patin (Anchor man, la légende de Ron Burgundy) était resté une semaine à l’affiche en salles ; son dernier (Talladega
nights
) n’est tout simplement jamais sorti chez nous, ni au cinéma, ni en DVD, en raison de son thème (les courses automobiles de Nascar) impossible à exporter hors des USA. Et pour
Les rois du patin ? Là c’est un peu mieux, puisqu’on a pu le voir pendant au moins 2 semaines sur une dizaine de copies ; et pour le DVD qui vient de sortir, ça tourne
au grand luxe avec une exposition presque normale dans les rayonnages des magasins.

Will Ferrell est un jusqu’au-boutiste de la comédie. Dans ses films (même s’il ne s’occupe ni du scénario ni de la réalisation, il y a clairement une « patte » Will Ferrell), pas
d’intrigue romantique comme chez les frères Farelly, pas de portraits sociologiquement pertinents comme chez
Judd Apatow ; pas de quoique ce soit qui vienne interférer avec la pure performance comique de l’acteur et de ses
souffre-douleurs, aussi drôles et aussi inconnus chez nous que lui – ici Jon Heder (Napoleon dynamite), Will Arnett et Amy Poehler (Arrested development).
Les rois du patin dégaine sans temps mort tous les gags possibles sur le monde faussement lisse du patinage artistique, ses rituels ampoulés, ses costumes improbables, son
asexualité équivoque, et ses coups fourrés extra sportifs entre adversaires. Le film pousse ces clichés au-delà du ridicule et du bon goût avec une méchanceté aussi puérile que jouissive, qui
s’exprime bien sûr en premier lieu dans le prétexte central du scénario : 2 patineurs masculins qui se détestent sont radiés à vie (pour s’être battu sur le podium des J.O… et avoir mis le
feu à la mascotte), et leur seule chance de concourir à nouveau est de s’allier pour former la première paire entièrement masculine de patinage en couple. Vous visualisez bien le potentiel
comique d’un tel pitch ? Les scénaristes aussi.


L’un des 2 héros, Jimmy, est une caricature du patineur efféminé, blond, au sourire ultrabrite et aux gestes exagérément gracieux. L’autre, Chazz, est le produit improbable de
l’imagination des scénaristes : un concentré de pure énergie sexuelle et de luxure, dont chaque posture, chaque réplique est provocante au point de frapper d’infarctus les fidèles de ligues
de vertu. Avec sa gestuelle corporelle unique, ses mimiques tour à tour tendres et perverses, et sa capacité à donner l’air le plus sérieux qui soit aux situations les plus grotesques, Will
Ferrell tire de ce personnage un numéro comique incroyable. Dans son sillage, c’est l’ensemble du film qui se transforme en une comédie génialement débile – les plus gratuites et régressives,
mais aussi les plus pures et parfaites. Notons au passage qu’Hollywood sait mettre les moyens nécessaires pour offrir le meilleur, même à un film stupide : Les rois du patin
nous gratifie de reconstitutions de 2 Jeux Olympiques tout ce qu’il y a de plus convaincantes, les costumes sont ébouriffants de créativité, et toutes les chorégraphies de patinages (y compris
celle sur le thème de Flash Gordon par Queen) sont remarquables techniquement et artistiquement.

Les crises de fous rires occasionnées par le film se poursuivent dans les bonus fournis (presque une heure) du DVD. Les suppléments supposés « sérieux » (making-of, interviews) sont
autant de mini attentats kamikazes, car tout le monde s’y met pour transformer ces modules en délires surréalistes : acteurs, réalisateurs, producteurs, et même intervieweurs. Le summum est
atteint avec un faux documentaire consacré à Hector, un personnage du film qui est un fan immodéré (tendance déséquilibré et dangereux) de Jimmy. Les 4 scènes coupées – dont une mémorable chanson
composée par le duo Chazz / Jimmy autour du titre original du film – sont excellentes, mais elles sont supplantées par les prises alternatives. A ne pas confondre avec un banal bêtisier, ces 8
minutes d’improvisations de Will Ferrell et compères sur des gags du film finissent par donner le vertige (en plus de vous plier en quatre de rire), quand on voit que ces acteurs sont tout à fait
capables de proposer 4 ou 5 variantes d’une même situation, aussi drôles les unes que les autres. A quand un Les rois du patin 2 pour exploiter ces réserves comiques apparemment
sans fin ?

 

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