• Crazy, stupid, love, de Glenn Ficarra & John Requa (USA, 2011)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Mercredi soir, à 20h

Avec qui ?

Seul, dans une des grandes salles (pleine)

Et alors ?

Oh, l’immense déception que voilà. On parle tout de même d’un film qui regroupe à l’écran deux acteurs comptant parmi ce qui se fait de mieux aujourd’hui (Steve Carell, Ryan Gosling), et en plus de cela leur adjoint en tant que seconds rôles des valeurs sûres qui pourraient à elles seules nous faire venir dans la salle – Julianne Moore, Kevin Bacon, Marisa Tomei. Et tout ça pour rien, ou presque. Crazy, stupid, love est un contre-modèle de comédie romantique à l’anglo-saxonne, un inventaire de toutes les mauvaises pratiques et toutes les leçons de morale sentimentale insupportables que ce genre est capable de produire. Le point le plus irritant de tous est cette stratégie consistant à avancer masqué, en se parant de promesses de subversion et de différence qui n’ont en réalité aucune valeur ni débouché concret. Le début du film a de quoi ouvrir notre appétit : un quadragénaire quitté par son épouse, interprété par Carell, pris en main par un séducteur en série – Gosling – pour en faire un homme à femmes enchaînant les conquêtes d’un soir, on se dit pourquoi pas. Quand le scénario ajoute à cela des personnages secondaires intéressants, dont une baby-sitter de 17 ans secrètement amoureuse du héros alors que le fils de 13 ans de celui-ci est amoureux d’elle, on tend encore un peu plus l’oreille. Mais la seule chose qui nous parvient est une grosse gifle qui nous met à terre, sonné.

Crazy, stupid, love effectue le retournement moralisateur à 180 degrés présent dans la grande majorité des comédies romantiques sans y mettre les formes, ni exprimer entre les lignes le remords de celui qui sait qu’il n’a pas été franchement honnête. Ce côté « droit dans ses bottes » le rend presque effrayant de suffisance et de conviction. La brutalité avec laquelle les individus et comportements borderline sont châtiés et ramenés de force dans le « droit chemin » normatif et unique de l’amour paisible, du mariage, du couple, etc. est encore accrue par le fait que ce redressement des torts intervient de façon préventive. Dans une logique à la Minority report, les possibles fauteurs de trouble sont maîtrisés avant d’avoir pu commettre concrètement le moindre dérèglement ; doté de pouvoirs divins, le film parvient à les interrompre au stade des intentions, des désirs et des fantasmes. Ce qui pose en plus un problème d’ordre narratif, puisque Crazy, stupid, love se retrouve dès lors réduit à deux états sommaires – l’exposition de son idée de départ, et les louanges du dogme matrimonial docile et zélé chantées à tue-tête. La jonction entre les deux se résume à une unique scène, certes réussie (une explosion en chaîne de tous les quiproquos et mensonges qui forment le lien entre tous les personnages) mais fonctionnant de manière absolument solitaire. Après quoi les vingt dernières minutes sont une longue séance de torture, où les tortionnaires/scénaristes/réalisateurs Ficarra et Requa[1] ne nous épargnent la morsure d’aucun des instruments les plus classiques : sermon plein de bon sens d’un enfant, deuxième couche passée par un adulte qui prend le relais en ouvrant son cœur en public, applaudissements et yeux embués du dit public, réconciliation finale générale et où tout n’est rien moins que parfait. Il faudra bien un jour qu’une convention soit signée au niveau mondial pour empêcher de telles atrocités.

[1] dont le premier film I love you Philip Morris semble a posteriori encore plus tout devoir au seul talent de Jim Carrey

Une réponse à “Crazy, stupid, love, de Glenn Ficarra & John Requa (USA, 2011)”

  1. D&D dit :

    Sans ramener totalement le précédent au talent Carrey, je suis à peu près aussi consterné que vous, venant juste de découvrir ce truc. Reste le charme du casting, au sein duquel je compte aussi Emma Stone.
    En revanche, si Carell m’intéresse toujours en tant qu’acteur, le bonhomme commence à me faire froid dans le dos. Il est même producteur ici, et ça commence à faire un paquet de projets bien moralisateurs et bien puritains à son actif…

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