• I love you Philip Morris, de Glenn Ficarra & John Requa (USA, 2009)

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Où ?

Au Forum des Images, à l’occasion de la reprise des films de la Quinzaine des Réalisateurs du récent Festival de Cannes (reprise qui se poursuit jusqu’à samedi)

 

Quand ?

Samedi après-midi

 

Avec qui ?

Seul, au milieu d’une salle comble (il s’agissait de l’unique projection publique du film en France avant dieu sait quand)

 

Et alors ?

 



I love you Philip Morris
s’en serait bien passé au profit d’un
destin plus commun, mais sa non-distribution en salles aux USA a généré autour de lui un buzz massif, qui est sûrement pour beaucoup dans sa présence au sein de la sélection de la
Quinzaine des Réalisateurs de cette année. Le long-métrage en lui-même est en effet assez ordinaire dans son application des recettes du cinéma américain indépendant tendance « film de
vie » : détournement d’un genre à la mode (ici, l’histoire vraie d’arnaqueur à la Arrête-moi si tu peux), voix-off qui ne fait pas dans la subtilité, bonne
humeur généralisée, musique folk passe-partout, plans de coupe sur les nuages… La répudiation de I love you Philip Morris par l’industrie américaine du cinéma tient à la
conjonction de deux composantes que les exécutifs et publicistes n’avaient visiblement pas prévu de trouver associées dans un même film : une crudité sexuelle fièrement assumée, et la présence au
générique de deux stars labellisées « tout public », Jim Carrey et Ewan McGregor.

 

Le fait que le sexe en question soit homo et non hétéro rentre-t-il en compte ? On est en droit de le penser, même si on ne le saura sans doute jamais de manière certaine. Les deux principales
scènes physiques (Jim Carrey prenant en levrette un autre homme qui lui demande explicitement de lui « gicler dans le cul », et Ewan McGregor gratifiant Carrey d’une gâterie
hors champ sur un bateau, avant de cracher par-dessus bord) sont certes percutantes et réjouissantes par leur frontalité, mais ça ne suffit pas à faire un film. Ce qui en fait un, et plutôt
sympathique, c’est la belle amoralité du récit et la performance de Jim Carrey. Plus qu’un film gay, I love you Philip Morris est en effet surtout un film d’arnaqueur ; et là non
plus, les choses ne sont pas faites à moitié, entre un détournement de fonds à grande échelle et une vraie-fausse mort causée par le SIDA. Dans le rôle de ce personnage ambigu et grinçant, Jim
Carrey est une révélation. Lui qui était d’ordinaire le nigaud victime de telles duperies (Dumb & Dumber, The Truman show) met ici ses grimaces et son sens
comique au service du côté obscur de la force. Une grande performance au cœur d’un petit film.

 

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