• Why change your wife ?, de Cecil B. DeMille (USA, 1920)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?

A la cinémathèque

 

Quand ?

Dimanche après-midi

 

Avec qui ?

Seul

 

Et alors ?

 

Why change your wife ? a tout pour plaire (façon de parler) : en plus d’être en noir et blanc et muet, il n’existe plus que via des copies dépourvues d’un accompagnement
musical enregistré. Dès lors, à moins d’embaucher un pianiste pour l’occasion (ce que la cinémathèque a fait pour la première séance du film, mais pas pour la seconde où je suis allé), c’est le
silence qui règne durant la projection, uniquement rompu par les légers couinements des sièges lorsque les gens changent de position, les quintes de toux des compagnons de séance les plus âgés
(présents en nombre à la cinémathèque) et, tout de même, les rires fréquents devant les gags et situations burlesques du film. Why change your wife ? dévoile en effet un
autre Cecil B. DeMille que celui des sempiternels péplums, plus porté sur la comédie de mœurs – un aspect déjà entraperçu dans sa version de Cléopâtre.

 



Avec son intrigue minimaliste (un homme trompe sa femme ; ils divorcent ; l’épouse bafouée devient la plus séductrice et désirable des femmes ; son ex-mari retourne à ses côtés),
son chapelet de quiproquos brodé par-dessus et son amoralité joyeuse, Why change your wife ? est un précurseur de la « comédie du remariage ». Ce sous-genre de la
comédie américaine prolixe en chefs-d’œuvre connut son apogée entre les mains de Mitchell Leisen, Preston Sturges et surtout Ernst Lubitsch, une dizaine d’années après le film de DeMille, immédiatement après le passage au cinéma parlant. Être parlant,
voilà bien ce que Why change your wife ? trépigne de ne pouvoir accomplir : les personnages bavassent tant et si bien scène après scène que les cartons de dialogues sont
nombreux, et consistants – une bonne partie d’entre eux emplit l’écran de haut en bas. Ce genre d’humour passe principalement par le verbe. Et bien que les interprètes (en premier lieu
Gloria Swanson, époustouflante dans un rôle changeant radicalement de nature à plusieurs reprises) et la mise en scène enlevée de DeMille – le montage et l’usage des gros plans et inserts sont
remarquables – fassent malgré tout du film une réussite, ils ne peuvent compenser intégralement l’absence de ce verbe.

 



Ancêtre des comédies du remariage, Why change your wife ? l’est également, de manière autrement plus éloignée dans le temps mais presque aussi vivace dans les faits, des
comédies américaines actuelles. De Juno (l’homme
adulescent et rêveur mené à la baguette par une épouse deadly serious) à Forgetting Sarah Marshall (les deux ex se retrouvant par hasard dans le même hôtel après avoir rompu), les analogies de situations avec le
scénario de DeMille fleurissent gaiement. On trouve même déjà trace chez ce dernier de l’assise conformiste et obéissante (ce corset de valeurs désuètes du foyer, du ménage, de l’abandon en
souriant des aspirations et de la personnalité de chacun pour aboutir à un consensus mou calqué sur le modèle en vigueur) sans laquelle la plupart de ces comédies modernes semblent incapables
d’exister même si elles l’appliquent en traînant les pieds. La comédie américaine ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?

Une réponse à “Why change your wife ?, de Cecil B. DeMille (USA, 1920)”

  1. la cinéphile masquée dit :

    sans musique! ça je ne le savais pas! ou je l’avais refoulé!
    quelle expérience unique….
    je me demande si Juno l’aurait aimé ;)