• Une séparation, de Asghar Farhadi (Iran, 2011)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?

Au MK2 Beaubourg

Quand ?

Lundi férié, à 11h30

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Une séparation est arrivé dans les salles auréolé d’un véritable grand chelem au dernier Festival de Berlin (Ours d’or du meilleur film, Ours d’argent d’interprétation masculine à tous les acteurs et même chose pour les actrices), dépassant même le triomphe de Elephant – Palme d’or + prix de la mise en scène – il y a quelques années à Cannes. Ont suivi un impressionnant succès public (plus de 150 000 entrées en première semaine d’exploitation, chiffre exceptionnel pour un film catalogué art et essai), et une quasi-unanimité critique à laquelle je ne peux entièrement adhérer. Sans aller jusqu’à nier que le film est une très belle réussite de cinéma, ce qui relèverait de la plus totale mauvaise foi. Asghar Farhadi est aussi bon scénariste que réalisateur, il organise lui-même une fulgurante partie de ping-pong entre une écriture dense, qui ne s’autorise aucun laisser-aller, ne lâche rien sur la valeur des situations et des dialogues (nombreux et pourtant tous saillants) ; et une mise en scène incandescente, emportée, en permanence prête à changer d’axe ou à effectuer une coupe pour maintenir son tempo impérieux. Une séparation parvient à un résultat analogue à celui de The social network, avec une répartition inversée des rôles entre le scénario et son filmage (chez Fincher le premier est le moteur et le second la direction) : métamorphoser un drame qui pourrait être théâtral dans le mauvais sens du terme – statique, verbeux – en une démonstration de force et d’énergie cinématographique.

Le hic réside dans la profusion de préparatifs que Farhadi doit mettre en place avant de pouvoir faire démarrer sa remarquable machine. Celle-ci ne se complexifie pas en cours de route, mais est – trop – complexe dès le début ; elle n’est pas riche, mais alambiquée. Artificielle, presque. Chaque personnage de la demi-douzaine qui sont impliqués arrive avec dans son paquetage un gros secret et un gros dilemme, qui pourraient presque servir à eux seuls de base à un long-métrage. Il n’y a rien qui soit fondamentalement faux ou hors-sujet dans cet ensemble mais l’effet d’accumulation, combiné à la radicalité de chaque élément de contexte (un homme qui s’occupe de son père atteint d’Alzheimer, une femme qui veut divorcer pour refaire sa vie hors d’Iran, une autre qui travaille sans le dire à son mari au chômage et qui cache sa grossesse à son employeur, etc.), déréalise quelque peu le film. Une séparation est trop réfléchi – calculé serait un qualificatif excessif, cependant –, on a l’impression que Farhadi a entamé le projet en dressant une liste exhaustive de tous les aspects caractéristiques de la société iranienne contemporaine, et qu’il a ensuite bâti son synopsis de manière à surtout n’omettre d’en traiter aucun. L’exercice sociologique (une vue en coupe de la population de Téhéran…) et civique (…coiffée d’une réflexion, qui se veut interactive, sur les concepts fluctuants de justice et de morale) ainsi mis en branle est si scrupuleux et ambitieux qu’il contrarie l’excellence artistique du film, au lieu de l’enrichir. Une séparation est à mon goût une œuvre presque trop parfaite.

Une réponse à “Une séparation, de Asghar Farhadi (Iran, 2011)”

  1. coraliedesbois dit :

    très bon film

Répondre à coraliedesbois