• The promise (le serment), minisérie de Peter Kosminsky

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Diffusée ces dernières semaines sur Canal+, la minisérie en quatre épisodes The promise consacrée au conflit israélo-palestinien par le réalisateur anglais Peter Kosminsky (auquel on doit entre autres les excellents Warriors et L’affaire David Kelly) tient presque toutes ses promesses. La narration, partagée entre deux époques, aujourd’hui et les derniers mois, en 1947-1948, avant la création de l’état d’Israël et le départ du colon britannique, livre un cours d’histoire et de géopolitique de très haute tenue sur chacune de ces périodes. Aujourd’hui, le mur, les checkpoints, les attentats-suicides à l’aveugle, l’attitude ambiguë de l’armée israélienne à l’encontre des arabes, les tunnels de Gaza. Avant-hier, la guérilla menée par les émigrés juifs, l’absence totale de maîtrise de l’armée britannique sur la conjoncture régionale, la séduction de ses soldats par des Mata Hari œuvrant de manière à peine masquée… On apprend énormément de choses, de manière très limpide et intelligente ; surtout sur cette période passée méconnue car enfouie sous d’autres éclats plus récents (guerre des Six Jours, Intifadas, opération « Plomb durci »…).

Ce surmoi didactique a cependant tendance à étouffer les personnages, trop souvent réduits au statut de pions amenés par le script à tel endroit et à tel moment afin de permettre l’ouverture d’un nouveau chapitre du programme. C’est particulièrement vrai des rôles secondaires, purement utilitaires. Mais même les deux héros (Erin, une jeune anglaise d’aujourd’hui qui part en Israël sur les traces de son grand-père Len, et ce dernier dont l’on suit donc également les aventures en tant que soldat de Sa Majesté en 1948) en sont victimes dans le mitan de la série, ces deuxième et troisième épisodes un ton en-dessous des deux autres entre lesquels ils servent essentiellement à faire le lien. La durée de The promise (six heures quand même au total) laissait espérer plus de contenu, plus de pistes narratives, plus de drames intimes au sein de la tragédie d’ensemble. Au lieu de quoi, une fois passé le premier épisode d’une très belle efficacité, la série s’aiguille trop vite sur les rails menant vers sa conclusion – au présent, la mission de remettre la clé symbolique de la Nakba, et dans le passé la prise de pouvoir des colons juifs sur la Palestine – et répartit son temps entre épisodes historiques tels que cités plus haut et moments en suspens moyennement convaincants, dont l’ébahissement devant ce qui est filmé (qu’il s’agisse des conséquences tragiques d’un attentat ou d’un trajet en voiture) tourne à l’engourdissement. Kosminsky est pourtant capable d’une véhémence et d’une âpreté évidentes, mais il en use avec trop de parcimonie, dans certaines scènes très précises.

Le quatrième épisode, et en son sein la conclusion en question, rachètent de fort belle manière ces errements. Erin et Len y occupent enfin le devant de la scène moralement, en plus de le faire physiquement, car vient pour eux le moment du choix catégorique entre un camp et l’autre. La combinaison de leur engagement personnel sans fléchissement et de la violence des circonstances les amène l’un et l’autre, en parallèle (à nos yeux du moins), à cet instant de vérité où il n’est plus possible pour eux de s’abriter derrière la neutralité offerte par leur statut d’observateurs extérieurs. Ils ont de la sorte pu échapper à plusieurs reprises aux dilemmes posés par la situation (et toujours exposés clairement par la série) ; maintenant ils sont partie prenante, ils doivent prendre parti. The promise gagne alors sur deux tableaux, celui de la fiction dramatique en humanisant avec beaucoup d’intensité son propos jusque là plutôt théorique ; et celui des principes, en affichant une position franche et méritante : le parti à prendre est toujours, sans hésitation et sans concession, celui du faible, de l’opprimé. Quitte à rompre avec ceux dont l’on était auparavant l’allié ou l’ami, s’ils se trouvent désormais dans le rôle du fort, de l’oppresseur.

Laisser un commentaire