• Super Inframan, de Hua Shan (Hong Kong, 1975)

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Où ?

Chez un copain

Quand ?

Mardi soir

Avec qui ?

Plusieurs autres copains

Et alors ?

 

Un « nanar réjouissant ». Voilà comment Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque Française décrit Super Inframan dans son
interview que l’on trouve dans les suppléments du DVD. Produit par la Shaw Brothers en 1975, ce film faisait déjà à l’époque figure d’OVNI tant le célèbre studio de Hong-Kong était alors au faîte
de sa gloire, grâce en particulier aux réalisateurs Liu Chia-Liang (La 36è chambre de Shaolin) et Chang Cheh (La rage du tigre). Si ces
derniers ont à leur actif certains des plus grandes réussites du cinéma d’arts martiaux, Hua Shan, le metteur en scène de Super Inframan, peut se targuer d’avoir touché du doigt la
quintessence de la série Z.

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La Reine des glaces, qui veut conquérir la Terre…

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… et son armée de monstres


Malgré leurs costumes en papier mâché, leurs bottes en caoutchouc et leurs cris de singes lorsqu’ils se battent, ces méchants revenus de l’ère glaciaire représentent un réel danger pour
l’humanité. Promis. D’autant plus que l’humanité semble loin d’avoir les moyens de repousser leur attaque, puisqu’elle ne peut compter que sur une bande de scientifiques qui ne savent pas trop ce
qu’ils racontent (entre les « séismes de force 12 » et une latitude de « 205,6° nord ») et qui ont pour seul matériel des casques de playmobils et un assortiment de lampes,
solutions et combinaisons de couleur blanc, bleu et rouge fluo.

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« Tiens, cette lampe ne clignote pas en rouge comme les autres »


Est-ce vraiment là le seul espoir du genre humain ? Non ! Les gentils scientifiques ont une arme secrète, l’opération BDX. Celle-ci consiste en la transformation d’un des leurs en Super
Inframan, qui pour fonctionner correctement doit suivre à chaque fois exactement le même rituel (c’est ça, la rigueur scientifique) : deux pirouettes en arrière, une pirouette en avant et un vol
plané vers la gauche. Héros invincible doté de multiples capacités (infra-vision, astro-armure, pieds photoniques, lames laser, poings-éclairs et même, oui, même la mégalo-foudre !),
Inframan est le plus qualifié pour sauver la planète mais il ne peut s’inscrire aux Jeux Olympiques, ayant été génétiquement modifié par injection d’hormones d’animaux.

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The Super Inframan !


Une fois le super-héros arrivé, le film devient une succession de combats opposant Inframan aux sbires de la Reine des Glaces, entrecoupés d’interludes distrayants tels des poursuites à motos
dignes de Karaté motos (autre nanar HK culte) ou des combats en bande à base de vagues enchaînements d’arts martiaux. Perce-montagne, Monstre-plante, Démone-vision et
les autres sont interprétés par des acteurs qui gesticulent et sautillent sur place sans arrêt sous leurs costumes – soit en vertu d’une méthode de jeu total du genre Actor’s studio, soit parce
que les dits costumes les grattaient horriblement. La question reste ouverte.

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Trouvez l’intrus sur la photo


Lorsque ces gesticulations se déroulent au cours des affrontements avec Super Inframan, on a carrément les larmes aux yeux devant la conviction que tous les acteurs mettent à effectuer de grands
plongeons une seconde après avoir été touchés par les rayons lasers envoyés par leurs ennemis et dessinés à l’écran sur des images fixes (oui, exactement comme dans Monty Python :
Sacré Graal !
). Là encore, Jean-François Rauger trouve la formule juste lorsqu’il parle de « cinéma primitif » à propos de Super Inframan,
véritable voyage dans le temps qui nous ramène au temps des effets spéciaux de Méliès.

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« Astro-armure ! »

 

Super Inframan est donc un film irrémédiablement déphasé, à côté de la plaque : par rapport à son époque (Star wars était probablement
déjà en train d’être tourné ou au moins préparé au même moment), par rapport à son cadre de production (comme dit en introduction, la Shaw Brothers a tourné un nombre conséquent de classiques
superbes à tous points de vue). C’est l’enfant rêveur au fond de la classe qui réinvente le monde dans sa tête sans se rendre compte – et sans se soucier – que n’importe lequel de ses camarades
fait cent fois mieux et cent fois plus intéressant. Ici, « le cliché est à poil » (merci une dernière fois, M. Rauger) : le simplisme permanent de l’histoire, des
caractères, des mises en situation est désarmant, de même que l’inadéquation totale entre les ambitions du film et ses capacités. Super Inframan, c’est le chef-d’œuvre
absolu du genre cinématographique singulier que constitue la coalition de tous les nanars.

Une réponse à “Super Inframan, de Hua Shan (Hong Kong, 1975)”

  1. Brousse Ouhayne dit :

    « Karaté motos (autre nanar HK culte)… « 

    Euh… tu l’as, celui-là ? Tu peux partager ?