• Règlement de comptes à OK Corral, de John Sturges (USA, 1957)

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Où ?
Chez moi, en DVD
Quand ?
Dimanche soir
Avec qui ?
Tout seul devant mon écran
Et alors… ?

Le western classique d’avant Sergio Leone a encore de très belles choses à offrir, certes selon deux axes précis : les cinéastes intemporels (Ford, Mann…) et les films à double fond. Même si le réalisateur John Sturges (fait d’armes le plus connu : Les 7 mercenaires) n’a rien d’un tâcheron sans talent, Règlement de comptes à OK Corral rentre tout de même dans la seconde catégorie. Cette adaptation de la fusillade entre les frères Earp (les gentils) et les Clanton (les méchants) à Tombstone parvient en effet à résister à l’usure de temps ainsi qu’à l’ombre portée par l’inégalable Poursuite impitoyable de John Ford,par ses partis pris très modernes pour ce qui est de décrire la faune du Far West et les relations entre ses membres.

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Chez Sturges, Tombstone est plus proche de la crasse morale de la série Deadwood que de l’élan pur qui porte la civilisation naissante dans la version de Ford. Bien sûr, tout n’est pas exposé frontalement comme aujourd’hui, mais l’allégorie fordienne prend du plomb dans l’aile lorsque tous les mâles sont décrits comme assoiffés de sang et toujours à deux doigts de basculer dans la violence bestiale et non jugulée. « Nous avons tous les deux un flingue, la seule différence entre vous et moi est l’insigne » : cette phrase de Doc Holliday (Kirk Douglas) à Wyatt Earp (Burt Lancaster) résume bien l’ambiance crûment réaliste qui règne d’un bout à l’autre du film. Les deux femmes amoureuses des deux héros ne valent pas mieux : l’une, mexicaine martyrisée par les Clanton chez Ford, passe d’un homme à l’autre au gré des changements de rapports de force entre clans rivaux ; l’autre, Darling Clementine du titre et incarnation de la vertu, devient une joueuse invétérée qui use sans vergogne de ses charmes pour arriver à ses fins.

Cependant, ces deux personnages sont très en retrait dans le film, à l’instar des autres rôles secondaires – et même de l’intrigue, concentrée dans la dernière demi-heure. Le reste du temps, ce n’est ni plus ni moins qu’une liaison homosexuelle latente entre Wyatt Earp et Doc Holliday qui occupe tout l’espace du récit. Pour être plus explicite que certaines scènes – Earp sanglotant au chevet de son partenaire malade – ou répliques (« Quel dommage que nous ne finissions pas ensemble », « S’il n’y avait pas ce Wyatt Earp, tu me reviendrais »), il faudrait en arriver au baiser montré à l’écran… Mais le pas de deux entre une mise en scène dopée aux non-dits qui crèvent l’écran et la censure serait alors beaucoup moins rusé et plaisant à suivre. Cette lecture alternative fait même passer la pilule du non-respect du déroulement de la fusillade – ici Doc Holliday survit, sûrement selon un souhait de Kirk Douglas –, puisque l’épilogue devient un adieu déchirant dans les règles de l’art hollywoodien… mais entre deux membres virils du Far West.

Une réponse à “Règlement de comptes à OK Corral, de John Sturges (USA, 1957)”

  1. Tietie007 dit :

    Je préfère peut-être Le dernier train pour Gun Hill, avec le même Kirk Douglas sous la direction du même Sturges, un réalisateur qui est très sous-côté !