• Kill list, de Ben Wheatley (Angleterre, 2011)

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Où ?

Au Publicis cinéma

Quand ?

Jeudi soir, à 22h

Avec qui ?

MonFrère (et un unique autre spectateur dans la salle)

Et alors ?

Kill list raconte l’histoire d’un… STOP ! Dire quoi que ce soit du scénario du film, c’est déjà mettre le doigt dans l’engrenage de la révélation de spoilers. Sans exagérer. En se montrant un peu moins sourcilleux sur ce principe, on peut, tout en restant vague, souffler qu’il est question de deux tueurs à gages, et d’un énigmatique contrat qui leur est commandité par des clients non moins mystérieux. Les détails, l’engrenage, les revirements, le film les présente mieux que ne peut le faire un résumé verbal. Du moins tant qu’il ne laisse pas son jeu de saute-mouton frénétique entre les genres et les intrigues se détraquer et, tel un fusible qui saute, être tout près de provoquer l’implosion de l’ensemble. Kill list bondit à la volée d’un film mafieux à une chronique familiale acerbe, d’un récit de justice rendue de manière expéditive à un jaillissement d’horreur sauvage. On l’accepte volontiers l’essentiel du temps, tout en étant bien conscients du caractère outrageusement m’as-tu-vu de l’entreprise.

Le réalisateur Ben Wheatley n’aspire à rien d’autre que montrer ce dont il est capable, ce en quoi il n’a pas fondamentalement tort étant donné qu’il est capable de beaucoup de choses. Quelle que soit leur humeur, presque toutes les séquences de Kill list attestent de belles dispositions pour la mise en place de situations accrocheuses, et l’écriture de dialogues incisifs et de digressions naturellement déroutantes. La mise en scène, pleinement maîtrisée, fait naître une puissante ambigüité de ton, entre le rire et la peur, la normalité et la démence. Quant à l’enchaînement grossier des blocs de récit, il fournit lui aussi la preuve d’une autre qualité de Wheatley ; car malgré son évident caractère dysfonctionnel, on reste happé par le film et la tension grandissante qui s’y enracine. Kill list a beau n’être qu’une demo tape presque sans enjeux, sans rythme, sans personnages, il nous accroche. Il y a donc bien quelqu’un aux commandes, et ce quelqu’un a du talent à revendre.

Malheureusement, le dernier quart d’heure de cette histoire en dérapage n’est plus contrôlé du coup. Il ne va nulle part, ne sort de nulle part (c’est quasiment un court-métrage autonome), et surtout laisse la désagréable impression de se jouer aux dépends du spectateur, pigeon impuissant de la blague préparée par le réalisateur. Le film s’effondre sur lui-même dans ces derniers instants, s’achevant sur une bien mauvaise note.

Heureusement, tous les dons observés auparavant dans Kill list sont à nouveau de la partie dans le long-métrage suivant de Wheatley, Sightseers, découvert à Cannes et qui sortira en France en décembre sous le titre Touristes !. Ils y sont même plus en valeur, grâce à une intrigue plus franche et humble, qui permet à l’ensemble du film de s’épanouir dans de meilleures conditions.

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