• Keep the lights on, de Ira Sachs (USA, 2012)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?

Au MK2 Hautefeuille, dans la grande salle

Quand ?

Dimanche soir, à 20h

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

Keep the lights on a tous les attributs de la romance intello-bobo-homo-citadine, à la plastique léchée et au spleen délicat (et inversement). L’intégration à ce groupe de films clairement défini se ressent jusque dans la qualité première de Keep the lights on, l’interprétation de ses comédiens, et dans son défaut principal, un rythme fluctuant, ponctué de trous d’air. Mais il y a une chose qui fait sortir le film d’Ira Sachs du lot, par le haut. Il s’agit de la question qui l’habite, ou plutôt le hante puisque l’œuvre est autobiographique. A travers le récit de la relation amoureuse entre Erik, son alter ego, et Paul, toxicomane à un stade avancé et destructeur, Sachs interroge la possibilité de partager réellement le drame de quelqu’un d’autre que soi. Y compris si l’on est amoureux fou de ce quelqu’un, comme c’est le cas pour Erik envers Paul.

Ce doute vient remplacer ce qui est d’ordinaire tenu pour acquis dans les mélodrames, et qui leur permet de déverser à l’écran des torrents de larmes et de sentiments exacerbés. Des choses qui restent à la porte de Keep the lights on, dont le ton reste surprenamment tempéré y compris dans les moments les plus durs. L’apitoiement est sans cesse refusé, au contraire des éclats imprévus, déroutants (traits d’humour et autres) qui ont eux tout à fait droit de cité. Car voilà, pour le dire brutalement, Erik n’a pas de véritable problème dans sa vie à lui. Il est en bonne santé, en pleine réussite dans son travail, entouré d’amis fidèles, et n’a aucun mal à faire des rencontres, sexuelles ou non. Quant à sa relation avec Paul, elle ne contient ni lien qui oblige Erik à prendre soin de lui, ni élément qui lui permette d’aider à son salut. Dans ces conditions, l’aspiration au partage du malheur ne tient-elle pas en vérité d’une forme d’appropriation ? Existe-t-il vraiment une autre issue juste que la séparation ? Voilà la petite musique qui se joue entre les lignes de la chronique de cet amour mouvementé, tenue sur une décennie, et qui donne assez matière à réflexion pour ne pas être oubliée sitôt la séance achevée.

Laisser un commentaire