• Jane Eyre, de Cary Joji Fukunaga (USA-Angleterre, 2011)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Vendredi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

La fidélité à l’œuvre d’origine est souvent mauvaise conseillère, l’une des pires qui soient même. Cette adaptation du roman de Charlotte Brontë Jane Eyre en est l’illustration criante. Sa seule ambition est d’éviter toute accusation de trahison factuelle, même mineure, vis-à-vis du texte. Ainsi, aucun des personnages ou des événements qui composent celui-ci n’est omis. Cela revient malheureusement à se tirer une balle dans le pied, surtout quand on s’accorde par ailleurs pour réaliser un film fortement calibré – d’une durée raisonnable (1h50), à l’apparence lisse (tout ce qui touche à la folie en manque soi-même singulièrement), ayant recours au procédé trivial du récit en flashback pour débuter par un extrait du climax émotionnel de l’histoire.

Étouffé d’un côté par son trop plein d’éléments accessoires, qui captent des minutes rendues inutiles, et de l’autre par ses mauvais choix narratifs, le film ne respire jamais. Ses séquences ne développent jamais suffisamment d’envergure pour devenir marquantes, et renchérir l’importance des moments tragiques. La passion entre Jane et Rochester n’a droit qu’à trois face à face pour se déployer ; l’exil de Jane, émietté et transformé en fil rouge du scénario, ne dure plus qu’une dizaine de minutes au moment le plus crucial – difficile de ressentir le drame et la blessure de son absence dans de telles conditions.

Cette Jane Eyre ne sait être qu’illustrative et scolaire dans son approche de son matériau. Elle concentre ses efforts sur les mauvaises choses, la reconstitution visuelle (qui a la même perfection inerte qu’une salle de musée) et l’explicitation des sentiments des personnages (au travers de dialogues souvent plats et fastidieux), au détriment d’un traitement allant au cœur des choses. Exagérément respectueuse de la lettre, elle manque l’esprit. Et accumule les victimes : les comédiens principaux, Mia Wasikowska et Michael Fassbender, entravés dans leurs transports romantiques ; le réalisateur Cary Fukunaga, égaré dans la lande anglaise après son très prometteur et autrement plus habité premier film, Sin nombre.

Laisser un commentaire