• Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, de David Yates (USA, 2009)

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Où ?

A l’UGC Normandie, dans la salle Prestige

 

Quand ?

Jeudi soir

 

Avec qui ?

Mon frère

 

Et alors ?

 

Le livre Harry Potter 6, alias Le Prince de sang-mêlé, est l’un des plus laborieux volumes de la saga. Lui et son prédécesseur, L’ordre du Phénix, servent
essentiellement de réceptacle où entreposer toutes les bases et intrigues secondaires qu’il est important de mettre en place pour transiter de la renaissance physique de Voldemort (à la fin du
tome 4, La coupe de feu) au grand déballage final qui s’en suit ; mais qui, dans le même temps, alourdirait passablement le récit virtuose et sensationnel de cette guerre sans
merci. Les deux livres 5 et 6 sont donc pesants, hachés, pas toujours aussi accrocheurs qu’on le souhaiterait. Comme je l’écrivais ici avec un étonnement ravi, l’adaptation cinématographique de
L’ordre du Phénix se dégageait allègrement de ce fardeau en fonçant tête baissée à travers l’intrigue du roman pour proposer un spectacle enlevé, galvanisant et sans
arrière-pensée. En comparaison, Le Prince de sang-mêlé fait l’effet d’un hippopotame tentant de rivaliser avec une gazelle.

 

Pendant presque deux heures, on se croit revenus au temps du tout premier film, le moins bon jusqu’alors. Harry Potter 1 et 6 partagent le même encéphalogramme
plat, maladroitement camouflé sous une surabondance de verroteries visuelles. Le Prince de sang-mêlé est un énorme chou à la crème (ou mille-feuilles, ou toute autre pâtisserie
bien trop chargée pour être honnête de votre choix) de filtres lumineux clinquants, de mouvements de caméra sophistiqués, d’effets spéciaux numériques imposants. Le hic, c’est que le réalisateur
David Yates, qui officiait dans la série TV avant d’être placé aux commandes de la franchise Potter pour les épisodes 5, 6 et 7, n’est pas du tout à son aise avec ces technologies plastiques de
pointe. Dans ces cas-là, le retour de bâton est brutal : le chef opérateur s’amuse énormément dans son coin, idem pour les graphistes en charge des images de synthèse, mais ce qui se voit le
plus à l’écran est l’absence d’une vision cinématographique d’ensemble qui lie ces différents éléments et les mette au service du film.

Si le non-intérêt des trois premiers quarts d’Harry Potter 1 était en grande partie justifiable par son rôle introductif, numéro 6 irrite plus car un choix y a très clairement été
fait. Celui de bâtir le film à l’intention des adolescentes cruchonnes de 14 ans, obnubilées par les flirts et les premiers bisous. TOUTES les scènes du livre ayant trait aux aventures vaguement
sentimentales et encore plus vaguement comiques des personnages trouvent leur place dans le film, avec une platitude et une banalité navrantes. Pire encore, cet état d’esprit vient parasiter
plusieurs des moments dramatiques du récit, avec comme point d’orgue la mort de Dumbledore transformée en un concert de Pascal Obispo, « tenons-nous tous par la baguette magique et l’amour
triomphera sur les pensées maléfiques ». Au milieu de cette dérive vers les terres funestes d’Hélène et les garçons ou High school musical, on compte sur les doigts d’une main les
scènes porteuses d’un réel intérêt : un duel de sorts opposant Harry et Draco, une conversation arrosée entre Hagrid et le nouveau professeur Horace Slughorn (la seule séquence de tout le
film où des comédiens ont l’opportunité de faire leur métier), un flashback dans la jeunesse de Voldemort. Pour ce dernier, il n’y a pas de quoi se vanter vu que la quasi-totalité des dits
flashbacks, qui formaient la partie la plus passionnante du livre, a été dégagée pour faire place nette aux émois hormonaux des héros pubères.

Sans que cela ne constitue une réelle surprise, l’enquête sur l’identité du mystérieux Prince de sang-mêlé et la relation ambigüe qui se construit entre Harry et lui via son livre de potions sont
également jetées avec l’eau du bain. On se raccroche alors à l’espoir que le final du long-métrage sera à la hauteur de celui du livre – espoir cruellement déçu. Cet enchaînement mené tambour
battant de séquences spectaculaires (la récupération du Horcrux, l’opération commando des Death Eaters) tombe lamentablement à plat, en partie à cause de l’absence de rythme dans le film -
difficile de construire de telles scènes à partir de rien -, mais surtout en raison de choix scénaristiques, voire même de cohérence et de logique, que l’on a du mal à s’expliquer. Cela ne
demandait certainement pas beaucoup de temps au tournage et à l’écran d’expliciter les raisons du calvaire que Dumbledore s’auto-inflige dans la grotte, ni de tourner ainsi qu’elle est écrite
dans le roman la bataille rangée entre soldats des deux camps dans les escaliers et couloirs de Hogwarts. Tel que le film présente les choses, c’est à croire que l’école est complètement déserte
au moment où les Death Eaters viennent exécuter Dumbledore. Quant à l’épilogue, il est remarquablement vidé de toute sa substance par le retrait d’une réplique lancée par Snape
(« Don’t call me coward !!! ») qui ouvre en grand la porte au doute au sujet de son allégeance à Voldemort ; et par le changement de destinataire d’une
autre phrase, Harry disant à Hermione qu’il ne peut plus être avec Ginny, plutôt qu’à Ginny elle-même – ce qui présente un intérêt tragique incomparablement plus fort.

Au point où en est alors rendu Harry Potter 6, il ne reste plus qu’une chose à faire : prier à genoux que le même carnage ne sanctionne pas l’ultime volet. Car faire un bon
(très bon, même) Harry Potter au cinéma est possible : Alfonso Cuaron l’a prouvé avec son Prisonnier d’Azkaban.

 

Une réponse à “Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, de David Yates (USA, 2009)”

  1. Margaux dit :

    Je suis tout à fait d’accord avec toi. Au début, j’ai vu le film sans avoir lu le tome 6. Du coup, non seulement j’ai trouvé le film plus que navrant et vide d’intêrét, mais en plus, je me suis
    rendue compte en lisant le tome 6, que je n’avais absolument rien compris au film. Je prie pour que le dernier film soit le meilleur de tous, même mieux que le prisonnier d’azkaban, qui pour le
    moment, est mon préféré. Merci à toi d’avoir mis par écrit l’horreur absolue qu’à représenter ce film pour de nombreuses personnes suivant Harry Potter depuis ses débuts.
    PS : Les relations amoureuses de Harry-Ginny, Hermione-Ron sont vraiment grostesques dans le film et vraiment trop imposantes.