• Everybody wants some !!, de Richard Linklater (USA, 2016)

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A la maison en Blu-Ray édité par Metropolitan Filmexport (sortie le 20 août 2016) et obtenu via Cinetrafic dans le cadre de leur opération « DVDtrafic »

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Et alors ?

Au début des années 1990 et de sa carrière, Richard Linklater réalisait avec Dazed and confused (horriblement titré Génération rebelle en français) le film qui allait le faire connaître en même temps que devenir culte, essentiellement pour sa bande-son et son casting (Matthew McConaughey, Ben Affleck, Milla Jovovich et d’autres). Derrière ses atours de surface Dazed and confused est fâcheusement faible, à la fois futile et médiocre. Vendu comme son prolongement, puisqu’il reprend son concept de tenir la chronique de quelques jours particuliers dans la vie d’étudiants en le transposant quatre ans plus tard (la rentrée à l’université en septembre 1980, après la fin des cours pour les collégiens et les lycéens en juin 1976), Everybody wants some est surtout, et heureusement, la version aboutie et corrigée de ses tares de son prédécesseur. Même le distributeur en France s’est mis au diapason de ce renouveau, en gardant le titre d’origine plutôt que de commettre deux fois la même erreur d’une traduction hasardeuse.

Une seule véritable différence est identifiable entre Dazed and confused et Everybody wants some, mais elle est considérable : Linklater a vingt-cinq ans de carrière et une quinzaine de films de plus à son actif. Plus aguerri, il affiche une toute autre maîtrise des histoires qu’il raconte, des mondes et des personnages auxquels il donne vie. Ce savoir-faire à tous les étages, l’écriture, la mise en scène, le découpage, fait de Everybody wants some un film aux airs de tour de magie. Sa séquence d’introduction où ils sont tous présentés d’un coup suffit à nous rendre instantanément familiers et sympathiques la dizaine de personnages se partageant le haut de l’affiche. Une heure écoulée en leur compagnie plus tard, on finit par se rendre compte qu’il ne s’est concrètement rien passé d’important, de conséquent à l’écran – une constatation qui tourne au compliment, puisque durant cette heure en apparence vide on s’est amusés comme des fous, sans ressentir ne serait-ce qu’une seconde de l’ennui ou de la contrariété.

Comme tout tour de magie la réussite de Everybody wants some a son secret, qui est double. La surface du film possède la finesse et la grâce de la dentelle, le scénario faisant s’enchaîner les réparties avec une limpidité absolue et la réalisation nous les servant sur un plateau par la justesse de sa compréhension de la dynamique propre à chaque scène. Sous cette surface, Everybody wants some peut s’appuyer sur la présence d’une solide bien que discrète colonne vertébrale – la musique. Omniprésente tout au long de l’œuvre de Linklater, celle-ci ne joue plus ici les utilités comme dans Dazed and confused (elle n’y était qu’un simple vernis, façon « regardez comme je m’y connais ») mais sert de guide au film, dès ses premiers plans où elle est symbolisée par la caisse de disques tenue précieusement par le héros alors qu’il l’amène dans son nouveau logement. La musique transforme la chronique d’un week-end ordinaire en un savoureux portrait de l’Amérique à une époque donnée, à travers les styles musicaux qui s’y disputaient les faveurs de sa jeunesse. Disco, country, rock, punk, chaque genre ouvre la porte à sa scène de boîte de nuit dédiée, où nous apparaît tout ce qui découle de la musique dans le monde – les tenues, les postures, les rapports humains, les codes.

Dans sa seconde moitié, Everybody wants some enrichit ce plaisir de chaque instant en développant un propos de fond subtil et attachant. Linklater touche juste, en s’attaquant à rien de moins que le sens de la vie, mais en n’offrant rien de plus que quelques modestes observations personnelles sur ce sujet. Modestes, mais pertinentes et émouvantes comme elles l’étaient déjà dans le si beau Boyhood. Linklater fait dévier de manière presque imperceptible Everybody wants some dans cette nouvelle direction, plus réfléchie. Tout d’abord en instaurant une vraie complémentarité des points de vue, lorsqu’une soirée étudiante permet à tous ceux (filles, gens de culture plutôt que de sport) qui étaient rejetés dans l’ombre des héros joueurs de base-ball de prendre l’avantage sur ces derniers. Puis, une fois le pied mis dans la porte de l’égalité et du respect mutuel, Linklater l’ouvre en grand à l’occasion d’un dialogue de conclusion qui nous chuchote une éthique douce et bienveillante : les choses ont l’importance qu’on leur donne. Ce qui signifie que chacun a le droit de donner toute l’importance qu’il désire à sa passion, ses choix de vie, à rebours de toute forme de mépris ou de discrimination. Il n’y a aucune honte à consacrer sa vie au base-ball, ou à toute autre chose ou cause, tant que cela se fait dans le but de s’accomplir en tant que personne et non de se penser supérieur aux autres.

Les bonus ressemblent à des bandes annonces de ce que devraient réellement être les suppléments accompagnant le film. Les vidéos d’audition des comédiens en forme d’entraînement de base-ball, les cours de danse, la connaissance encyclopédique qu’a Linklater des années 80 donnent trop envie d’en découvrir plus sur le tournage du film pour que leur durée (une dizaine de minutes au total) ne s’avère pas hautement frustrante. Reste un amusant chapitrage du film par ses chansons, et la possibilité d’activer l’affichage à l’écran de bulles d’information (comme sur les chaînes de clips) concernant celles-ci.

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