• Brothers, de Jim Sheridan (USA, 2009)

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Brothers est une œuvre nettement disloquée entre ses qualités et ses défauts, les uns comme les autres étant entiers, indiscutables. Au premier rang des défauts trône sans hésitation la musique, horrible, une des pires bandes-originales de film qui soient. Sans exagérer, sa présence gâche toutes les scènes qu’elle accompagne. Ne surnage, comme un radeau de fortune au milieu d’un naufrage, que l’utilisation de la chanson Bad de U2. Autre élément dur à supporter, l’ensemble de la partie consacrée à la captivité en Afghanistan d’un des deux frères. La vision qui y est donnée des groupes de combattants talibans (soutenue par une musique qui se fait alors, évidemment, tribale ; les tares d’un film peuvent tout à fait se combiner) ne sort pas des limites des clichés les plus surchargés, faisant flirter Brothers avec l’univers des bonnes vieilles séries Z.

Les qualités regroupent tout le reste ou presque, pendant les deux tiers du film en tout cas. Le trio d’acteurs (Tobey Maguire, Natalie Portman, Jake Gyllenhaal) placé aux commandes est formidable, surtout les deux derniers car Maguire est assez vite piégé chez les pastiches de talibans. Le décalage entre leur jeunesse apparente et la gravité des rôles qui incombent à leurs personnages, et bien sûr la justesse de leurs performances fait fonctionner la tragédie, nous y fait adhérer sans réserve. Ils sont en plus bien aidés par le conditionnement du film – les situations façonnées par le scénario, leur mise en scène –, qui trouve le ton et la distance justes par rapport aux événements. Ils nous font ainsi croire à cette vie menée par les personnages, et que ce sont ces acteurs-là qui l’incarnent. Par exemple, l’allure de Portman (son maquillage, sa coiffure, ses tenues) en fait de façon convaincante une beauté haut de gamme d’une ville de campagne quelconque comme celle où se passe l’action ; haut de gamme, mais du coup maladroitement surjouée, au lieu d’être mise en valeur comme elle le mériterait.

De fait, l’évolution des relations entre les personnages dans leur quotidien banal nous touche (signalons également le rapport au père, en aparté), jusqu’à atteindre le point dur annoncé du drame : le retour d’entre les morts du mari légal, mais détruit intérieurement et donc destructeur, tandis que la femme a retrouvé un équilibre fonctionnel mais indéfendable vis-à-vis des conventions, aux côtés du frère du vrai-faux défunt. Ce point dur, Brothers l’esquive malheureusement, en prenant la tangente d’un traitement express et mutilé. Le personnage de Gyllenhaal est évacué, et la tension interne de celui de Maguire est enflée par l’ajout à son martyr de prisonnier de guerre de la culpabilité d’un crime. Le récit est dès lors rapidement recouvert par l’écran de fumée de l’hystérie stérile, avec son lot de cris et de vaisselle cassée. Cela donne, quand même, une très bonne scène (le repas d’anniversaire), mais dans l’ensemble un sentiment de gâchis domine car il y avait mieux à faire ; tout était en effet en place pour aboutir à une reprise actualisée du classique Voyage au bout de l’enfer. Mais pour y parvenir, cela aurait été plus dur et plus délicat. Il aurait fallu y mettre plus d’ambitions, plus d’ampleur.

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