• Attack the block, de Joe Cornish (Angleterre, 2011)

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Où ?

A Londres, au cinéma Odeon Panton St.

Quand ?

Au début du mois

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Mis à part le fait qu’Attack the block rejoint déjà les salles françaises là où Shaun of the dead avait lui mis des lustres avant de nous parvenir par la voie officielle, une fois que tous les potentiels intéressés ou presque avaient fini par le voir par d’autres biais, le lien de filiation entre les deux films est très solide et n’a rien d’une vue de l’esprit. On retrouve parmi les producteurs d’Attack the block Edgar Wright et Nick Frost, respectivement metteur en scène et acteur de Shaun of the dead (Frost tient de plus un rôle secondaire dans Attack the block). Lesquels Wright et Frost ont adopté depuis plusieurs années dans la bande qu’ils forment avec Simon Pegg (le Shaun de Shaun of the dead) le réalisateur et scénariste d’Attack the block, Joe Cornish, transfuge de la télévision britannique.

Vite résumé sous forme d’équation mathématique, Attack the block = Shaun of the dead moins les zombies, remplacés par des aliens ; moins le quartier pavillonnaire de Londres, remplacé par une cité plus pauvre et violente. Ces deux modifications aiguillonnent le film sur une voie bien différente, plus rude et moins potache, visuellement révélée par le fait que le film se déroule intégralement de nuit quand Shaun of the dead était pour sa part très lumineux. Il y a certes dans Attack the block quelques traits d’humour servant à souder le groupe de héros et nous convaincre de l’authenticité de son existence (mission accomplie), mais ceux-ci se concentrent principalement dans les premières séquences du film, avant le déclenchement de l’invasion proprement dite. Et même alors, ils occupent rarement les premières loges mais viennent s’immiscer dans les moments où l’action laisse un peu de place au calme. Shaun of the dead était un pastiche respectueux, malin et très intelligemment pensé ; Attack the block, lui, n’a qu’un seul degré de lecture. C’est une série B pur jus, qui repose sur un nombre limité d’idées mais sait en tirer le maximum et avec une charge d’adrénaline qui ne faiblit jamais. L’invasion et la riposte concentrées en une seule et même nuit est une de ces idées. Le design des aliens en est une autre, véritablement brillante. La noirceur insondable de leur peau, où ne se distingue du coup aucun trait, aucune partie du corps (hormis les mâchoires phosphorescentes), fait d’eux des formes purement cinématographiques et très, très effrayantes.

Encore plus payant pour l’intensité et l’énergie brute du film est son choix de candidats au sauvetage de l’humanité – des antihéros durs au mal et charismatiques comme on pensait ne plus en voir depuis le passage en semi-retraite de John Carpenter, le maître en la matière (Assaut, The thing, New York 1997, Invasion Los Angeles, etc.). Les défenseurs du quartier où débarquent les aliens sont ceux-là même qui y faisaient régner la terreur encore quelques heures avant : une bande d’ados fumeurs de shit et racketteurs du genre que messieurs Nicolas S. et Claude G. adorent accuser de tous les maux. L’agressivité, la hargne, la détermination à ne pas céder un pouce de terrain (géographique autant qu’en termes de considération) qui habitent ces jeunes et qui servent habituellement à les stigmatiser deviennent, par un retournement qui se concrétise dès les cinq premières minutes, les meilleurs arguments qui soient pour la bataille qui s’annonce. Il suffit d’un « Welcome to London, mother fucker » incandescent lancé à la cantonade pour nous convaincre qu’ils pratiqueront l’offensive crâne en lieu et place d’une fuite désespérée et paniquée. Attack the block fait pleinement corps avec eux, partageant leur façon de tirer le maximum des maigres ressources qu’ils ont (une poignée d’armes de poing) et de ne jamais, jamais voir comme une option le fait de tempérer son effort ou d’être mis sur le reculoir. Le film tire de sa simplicité une fougue et une efficacité énormes. De quoi surclasser la quasi-totalité des blockbusters autrement plus nantis et poseurs déjà sortis ou à venir au cours de l’été – le film d’action à ne pas manquer ne se trouve pas parmi eux, c’est l’outsider anglais Attack the block.

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