• Après mai, de Olivier Assayas (France, 2012)

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Où ?

Au MK2 Bastille

Quand ?

Mercredi soir, à 19h30

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

C’est un fait, à 57 ans, Olivier Assayas est vieux. Avec Après mai, son cinéma se met en harmonie avec cette situation : si le film traite de la jeunesse, dans ses passions et ses effusions, il le fait depuis un point de vue éloigné en âge comme en engagement. Le caractère autobiographique du récit affermit cette mise à distance. Ses héros adolescents, à commencer par son alter ego Gilles, Assayas les a rencontrés il y a longtemps, et sait (au lieu de le fantasmer) ce qu’ils sont devenus après les événements relatés ici. L’histoire jouée dans Après mai a un point final, auquel il est impossible de déroger. Elle est consommée et donc, d’une certaine manière, éteinte. La ranimer serait tricher ; Assayas ne triche pas, il regarde sa jeunesse telle qu’elle est, révolue. Ce qui ne signifie pas pour autant que les souvenirs qu’il en a sont incomplets ou gommés. Après mai est au contraire extrêmement méticuleux dans son évocation de tout ce qui faisait cette époque du début des années 1970 : les lieux que les individus habitaient, les arts dont ils se nourrissaient, les combats qu’ils menaient. Assayas laisse libre cours à la part fétichiste de son cinéma et nous rend l’excursion agréable, d’une manière pas si éloignée de celles de Tarantino. Un cousin parisien, rêveur et introverti de Tarantino, s’entend.

Dans ce cadre richement décoré et élaboré, Après mai suit Gilles et une poignée d’autres depuis le militantisme fédérateur des années de lycée, aux petits boulots où l’on tente de concilier nécessités financières et fidélité à ses convictions, en passant par les grands voyages à l’étranger que l’on espère inoubliables et fondateurs. Sur le fond, le récit brille par son honnêteté. Assayas se maintient dans une position depuis laquelle il embrasse dans une égale mesure la beauté des engagements de ses personnages, ainsi que la vérité de leurs limites. Il ne condamne pas le monde de ne pas changer, ni ne raille les héros parce qu’ils tentent de l’y forcer. De la sorte, il fait preuve d’un détachement zen, au sens le plus propre : en se tenant en retrait des effusions sentimentales comme des embrasements politiques. Il n’y a toutefois nulle trace de dilettantisme dans la forme du scénario, la construction de ce dernier étant un modèle de composition. Assayas orchestre remarquablement les mouvements des êtres, qu’ils soient individuels ou relatifs aux autres. La double romance avortée de Gilles, avec Laure la muse puis Christine la combattante, en est le plus bel exemple. L’un après l’autre les couples se font, se défont, puis tentent de se refaire mais la flamme de la première fois s’est éteinte et rien ne peut la ranimer. C’est écrit et filmé avec beaucoup de finesse, comme l’est tout le reste d’Après mai, hommage à la jeunesse – à une jeunesse – apaisé car composé une fois le deuil parachevé.

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