• Airport, de George Seaton (USA, 1970)

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A la maison, en DVD

Quand ?

Vendredi soir

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Et alors ?

Airport est un des cas les plus flagrants d’un phénomène cinématographique que l’on peut nommer la « rétro science-fiction ». C’est-à-dire, quand un film intègre des éléments ou décrit des situations qui au moment du tournage se trouvaient à la pointe du progrès, et qui aujourd’hui sont si éloignés de ce qu’a donné l’évolution postérieure de la société qu’ils ont la même valeur à nos yeux que le contenu d’une œuvre de science-fiction. Airport date de 1970, un temps où l’aviation commerciale était encore un domaine tout jeune, et qui surtout n’avait eu affaire à aucun des attentats tragiques qui l’ont poussée dans la spirale sans fin de l’obsession sécuritaire. Bien que cela ne soit absolument pas son but premier, le film fait désormais figure de document historique captant un aéroport et des avions aux contrôles de sécurité pour ainsi dire absents, où l’on fume à sa guise, et nombre d’autres détails contribuant à former le gouffre qui sépare 2010 de 1970 dans ce domaine. D’une manière tordue, Airport y gagne en valeur ; car le recensement de toutes ces différences procure une occupation supplémentaire durant la phase d’installation du récit, toujours quelque peu fastidieuse dans un film catastrophe.

Ce qui n’a pas changé en quatre décennies, c’est la place en haut de la liste des nuisances – du point de vue du transport aérien – tenue par les riverains mécontents, et la neige. La combinaison des deux conduit le responsable de l’aéroport où se déroule le film (Burt Lancaster, au milieu d’un casting de luxe : Dean Martin, Jean Seberg, Jacqueline Bisset, George Kennedy…) à composer avec une piste barrée par un avion coincé dans la neige, et une autre de délestage moins bonne et faisant passer les avions encore plus près des maisons avoisinantes. Pour que le casse-tête soit complet, un long-courrier en détresse va devoir atterrir en urgence d’une manière ou d’une autre. Mais là, je vais un peu vite en besogne : l’enchaînement d’événements qui met l’avion en situation de détresse compte pour une part importante, et prenante, du scénario. Airport prend son temps au démarrage, comme je l’ai dit, mais avoir ainsi solidement installé les différents acteurs de son drame paye sur le long terme. A partir de cette situation de départ très éclatée, le film procède par rassemblements graduels de ses personnages dans des lieux clos (la cabine de l’avion en vol) ou des circonstances de première importance (le dégagement de l’avion), rassemblements qui provoquent la mise en contact des desseins et priorités des uns et des autres.

Cette progression et les frictions qu’elle génère est particulièrement bien menée, et son efficacité fait monter un suspense remarquable, d’abord dans l’avion puis dans l’interaction entre celui-ci et les équipes de sauvetage au sol. Film catastrophe à l’ancienne, Airport échappe à l’exigence moderne d’effets spéciaux ostentatoires et de bulles de second degré décontractantes. Il peut concentrer ses efforts sur le bon déroulement de sa mécanique dramatique de précision. Toutes les pièces s’agencent idéalement, selon un plan savamment réfléchi, et le résultat est la combinaison d’un rythme intense et d’une tension sans faille. Les protagonistes ne sont pas délaissés : leurs personnalités continuent à se développer en parallèle du drame général, et gardent toutes un fond de mélancolie et d’aridité dont le film sort grandi. Son happy-end conjoncturel légitime (l’avion arrive à bon port) ne traîne pas dans son sillage une multitude de happy-ends individuels et artificiels, et c’est très bien comme ça.

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