• Antichrist, de Lars Von Trier (Danemark, 2009)

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Il est tellement difficile d’imaginer des rivaux à Antichrist dans la catégorie des nanars de festival qu’il vaudrait tout autant clore dès maintenant, et pour de bon, la compétition. Que Lars Von Trier soit le cinéaste qui en sort victorieux n’est pas à proprement parler une surprise ; il en était l’un des favoris, au même titre que Roland Emmerich dans l’autre branche, celle des nanars de studio. Avant Antichrist, Von Trier avait déjà à son actif une impressionnante quantité d’essais presque concluants de films pontifiants et plombants, se prenant démesurément au sérieux au mépris de tout entendement : Dancer in the dark, le diptyque Dogville / Mandalay. Enfin son sadisme gratuit, sa misogynie galopante et son mauvais goût graphique trouvent une estrade sur laquelle s’exprimer pleinement.

Le prologue du film suffit à lui seul à octroyer le prix à Von Trier. La violence absolue de son postulat – un couple fait l’amour et pendant ce temps leur enfant se défenestre et meurt – est ruinée par l’esthétique calamiteuse de la séquence, transformée en pub bling-bling par le noir et blanc exagérément léché, le ralenti extrême et l’usage de musique classique pompière. Un véritable chef-d’œuvre d’ignominie formelle, avec comme cerise sur le gâteau un plan anatomique de pénétration (sujet au même ralenti et accompagné par la même musique que le reste) qui, pour la bigoterie du cinéaste, constitue un acte de provocation majeur. Le reste de l’audience rigole un bon coup.

Ce qui suit est moins intense – et même parfois franchement ennuyeux, Von Trier ayant assez peu d’idées pour nourrir sa lubie phallocrate – mais ne cesse de prêter à rire. On a tout d’abord droit à un long tunnel de séances de psychanalyse pour les nuls. Ce qui est déjà en soi une béquille pour faire du sous-Bergman est en plus atrocement utilisé, d’un ridicule accompli par rapport à n’importe quel épisode de In treatment. Les scènes en question sont remplies de sentences toutes faites, qui se donnent des grands airs mais sont en réalité toutes plus creuses les unes que les autres. Sans même parler de l’idée inepte qu’un mari psychanalyse sa propre femme, ni de la propension bestiale de cette dernière à lui sauter dessus pour plus ou moins le violer au milieu de chaque jeu de rôles ou explication de schéma mental miteux qu’il lui soumet. Les pulsions du côté de la femme, l’intellect réservé à l’homme : vous avez compris le message. Cela importe peu à Von Trier, qui l’assène une heure de plus et par la manière forte cette fois. Notre couple préféré part en retraite dans une cabane qu’ils possèdent au fond des bois, c’est-à-dire dans un lieu où la nature prédomine ; de là une succession de visions fantasmagoriques balancées avec tant de dédain et d’isolement les unes par rapport aux autres (des glands tombent sans discontinuer sur le toit de la cabane, des dizaines de mains sortent d’un tronc d’arbre sous lequel le couple fait l’amour, un renard se mange les tripes en disant « le chaos règne »…) qu’elles ne riment plus à rien et provoquent à leur tour leur lot de rires nerveux.

Dans son dernier acte, Von Trier abandonne cette piste des forces occultes de la nature pour se recentrer sur un affrontement pleinement humain, entre elle et lui. Une fois de plus l’inspiration ne suit pas, puisque tout ce que le cinéaste a à proposer est une version de Saw encore plus trash (Madame broie le sexe de Monsieur, lui fait éjaculer du sang, puis se sectionne le clitoris histoire de donner le change probablement), encore plus gratuite – au moins dans Saw l’objectif cynique de faire de l’argent était clair, ici le but reste nébuleux – et encore plus stupide. Certaines des articulations du scénario de Saw n’étaient déjà pas bien brillantes, mais la séquence d’Antichrist où Madame cloue une roue en pierre à la jambe de Monsieur puis est prise de remords mais ne sait plus où est passée la clé à molette permettant de desserrer l’écrou bat tous les records de ridicule. Surtout lorsque l’atmosphère générale du film se veut non pas excentrique mais mortellement sérieuse.

Dernier point valant à Antichrist sa récompense suprême de nanar définitif : la fidélité dont Lars Von Trier fait preuve à l’égard de ses fondamentaux. Comme toujours chez lui, à la fin du film une femme meurt dans d’atroces souffrances et le monde va mieux. Ouf.

Une réponse à “Antichrist, de Lars Von Trier (Danemark, 2009)”

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