• Windtalkers, de John Woo (USA, 2002)

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Où ?

 

Chez moi, en DVD zone 2

 

Quand ?
Mardi dernier, suite à un nouveau visionnage de Mémoires de nos pères (chroniqué bientôt), où l’acteur Adam Beach joue à nouveau un rôle d’amérindien embarqué dans la
seconde guerre mondiale pour les mauvaises raisons : croire qu’il fait partie de la nation américaine WASP et que celle-ci lui sera reconnaissante pour son geste.

 


Avec qui ?

 

Seul

 


Et alors ?

 
 

Windtalkers est plus ciblé que Mémoires de nos pères en ce qui concerne les Indiens d’Amérique : Adam Beach y joue un des navajos exploités par
l’armée dans les batailles du Pacifique pour coder des messages dans leur langue natale, absolument indéchiffrable par les japonais. Le qualificatif d’exploités n’est pas trop fort, puisque
chaque navajo se voyait assigné un soi-disant protecteur, lequel était surtout là pour protéger le code – c’est-à-dire tuer l’indien s’il était sur le point d’être fait prisonnier. Ambiance.

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Windtalkers est le premier film de guerre autre qu’urbaine de Woo, sûrement le dernier. Contrairement à Eastwood (et à d’autres), il n’a semble-t-il aucune idée de
comment filmer ces grandes batailles impliquant des centaines d’hommes, un terrain très vaste, et un soutien aérien. Ces passages obligés (qui ici forment en gros le premier tiers et le dernier
quart du film) en deviennent terriblement quelconques et ennuyeux. À l’inverse, les plus belles scènes en termes de réalisation sont celles se rapprochant des polars HK de Woo, avec des combats à
peu de personnages dans un lieu restreint. En terrain connu, le cinéaste signe alors des moments forts de tension brute et soudaine.

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Le début du film est d’autant plus dur à supporter qu’il fait la part belle à des américains blancs particulièrement antipathiques et/ou stéréotypés, Nicolas Cage dans le rôle du
soldat-torturé-d’avoir-fait-son-devoir-et-sacrifié-des-amis-mais-qui-va-quand-même-continuer-à-le-faire-pour-sa-patrie en tête. C’est quand le film se recentre sur Beach (aussi impec que dans
Mémoires de nos pères, au fait) et son pote navajo qu’il gagne en sens et en intérêt. Chinois à Hollywood, et donc lui aussi homme d’une culture différente exploité par
un système américain, Woo est évidemment solidaire des navajos. Il filme respectueusement leurs rituels et scènes en famille, qui leur donnent une raison d’exister. Autour d’eux, les blancs sont
au mieux déprimés, isolés et perdus (comme Cage), au pire racistes obtus et irrécupérables.

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L’intérêt de Windtalkers, si l’on parvient à supporter ses longueurs et lourdeurs, est là : dans ce refus de Woo de se vendre entièrement au système. Son but est de
rendre modestement, à son niveau, hommage aux exclus dont l’Amérique se nourrit quand elle en a besoin, et d’affirmer leur identité – par exemple en leur rendant symboliquement Monument Valley,
un lieu situé en territoire navajo mais associé dans la mémoire populaire aux westerns de John Ford.

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