• Whatever happened, happened… Right ?

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L’incertitude grandit à mesure que la conclusion de la saison 5 de Lost approche : le cours des événements va-t-il oui ou non changer suite à l’irruption en 1977 de huit des
héros ? Les pièces à conviction en faveur du changement, vues dans l’épisode Lafleur, n’ont pas encore été mises en défaut. Mais là-bas dans les années 70, l’histoire est têtue et refuse pour le moment de se laisser bousculer
par les nouveaux arrivants, dont les actes pourtant de plus en plus majeurs continuent à être absorbés sans mal. La haine de Sayid envers Ben, qui le pousse à tirer sur la version jeune de
celui-ci dans l’épisode He’s our you, se voit ainsi contrebalancée cette semaine par l’instinct maternel de Juliet et Kate, qui pour sauver le jeune garçon l’envoient tout droit dans les
bras… des Others. Il y a deux ans, le génial épisode The man behind the curtain laissait à dessein un blanc dans le cheminement de Benjamin Linus entre sa première rencontre avec
Richard Alpert et son intégration chez les Others ; une première partie de ce vide vient d’être comblée.

 

 

Cet épisode, The man behind the curtain, faisait par ailleurs beaucoup référence – à commencer par son titre – à l’une des principales sources d’inspiration du show, le film
Le magicien d’Oz. Un peu délaissée jusque là cette saison, cette référence repointe ici le bout de son nez dans une des trois séquences admirables qui font de Whatever
happened, happened
un épisode d’exception au sein d’une série d’exception. Richard acceptant de sauver Ben fait le même effet qu’une imaginaire scène additionnelle au Magicien
d’Oz
, dans laquelle les habitants du monde des rêves répondraient positivement à la requête de prendre en charge Dorothy. Le court dialogue mis dans la bouche du personnage (et énoncé
avec une retenue et une humilité saisissantes par l’acteur Nestor Carbonell) charrie en effet avec lui toute l’histoire et l’atmosphère des contes fantastiques, comme me l’a fait remarquer ma
femme pendant l’épisode :

« If I take him… he is not ever going to be the same again. [...] He will forget this ever happened, and… his innocence will be gone. He will always be one of us. »

 


Que la scène s’achève à l’entrée du Temple, probable point focal de tous les
mystères de Lost et intersection physique de deux mondes (celui des gens de passage sur l’île, et celui des Others), renforce bien évidemment cette plongée dans le merveilleux,
l’imaginaire « enfantin ». D’ailleurs, Lost n’est peut-être bien qu’à propos de cela : des fantasmes, craintes et aspirations d’enfants, que ces derniers soient
grands – Locke, Jack et leurs conflits paternels non résolus ; Hurley le geek ; Claire qui ne se sent pas prête pour être mère… – ou petits – la version jeune de Ben, celle
de Charlotte, Aaron. Sur les deux autres grandes scènes de l’épisode, une est consacrée à un de ces jeunes enfants (Aaron) et l’autre à un des grands (Hurley). L’une est tragique – les adieux,
peut-être bien définitifs, de Kate à Aaron -, l’autre comique – la tentative de Hurley de prendre à défaut Miles, porte-parole des théories de Faraday, sur les paradoxes potentiels liés au voyage
dans le temps. Toutes deux sont de véritables cadeaux faits aux personnages et à leurs interprètes (Kate en particulier gomme ici une saison et demie d’errements et d’intentions scénaristiques
manquant d’inspiration), magnifiés par les incroyables thèmes musicaux de Michael Giacchino, sans qui la série ne serait pas la même.

 

C’est bien connu, Lost demande à ceux qui la suivent de savoir lire entre les lignes, c’est-à-dire reconnaître parmi les répliques ou situations apparemment anodines celles qui
recèlent des informations de premier ordre. Derrière son rôle de renforcement habile de l’antagonisme entre les tenants du « tout est écrit de 1977 à 2007 » et ceux du « on peut,
on doit, on va modifier le cours des choses », le ping-pong verbal entre Hurley et Miles contient ce qui est à mes yeux un indice majeur lorsque le second crie au premier « ANY OF
US CAN DIE ! »
. La distinction faite entre ceux dont le passé est le passé (Dharma, les Others, Rousseau) et ceux dont il est le présent (les huit voyageurs), les premiers étant a
priori protégés et les seconds non, a très certainement un autre rôle, prémonitoire : un des huit voyageurs – rapidement -, ou plusieurs, ou (à terme ?) tous sont des morts en
puissance.

 

Le feu d’artifice se poursuit dès le prochain épisode Dead is dead (après lequel il ne restera que trois épisodes avant le final !), qui s’annonce comme le The life and death of Jeremy Bentham de Ben Linus. Ce dernier sera
apparemment notre guide dans la visite du Temple, visite dont nous a privé cette fois-ci une transition aussi frustrante que géniale ; entre l’entrée dans le Temple de Richard et Ben
mourant, et trente ans plus tard le réveil de Ben adulte (que nous pouvons dorénavant revoir, puisque nous savons qu’il a survécu en 1977) aux côtés de Locke. Le déroulement en un parallèle
parfait – même vitesse d’écoulement du temps – entre deux trames temporelles distantes de trente ans se poursuit donc plus que jamais. Comme si après avoir penché du côté des flashbacks, puis des
flashforwards, la série avait enfin trouvé cette saison son point d’équilibre dans son rapport au(x) temps (encore plus révolutionnaire et bouleversant que celui de 24, soit
dit en passant ; la complexité que le show et ses protagonistes y gagnent est inouïe). Mais Lost ayant autant horreur de l’équilibre que la nature a horreur du vide
– l’explosion du bunker, la malédiction des Oceanic Six… -, gageons qu’un certain Desmond va venir dynamiter tout ça après ses coups de semonce de Flashes before your eyes et The constant.

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