• Watchmen, the complete story (et ses bonus)

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watchmen-5Où ?

A la maison, en DVD zone 1

Quand ?

Début août

Avec qui ?

Mon frère, comme pour le passage au cinéma  du film

Et alors ?

 

Cette version définitive de Watchmen dure trois-quarts d’heure de plus que le montage cinéma pour, essentiellement, plus de violence. L’histoire reste presque exactement
la même, seul évolue son mode d’expression. Le rajout de plans explicitement gore et sauvages en lieu et place d’ellipses salvatrices vis-à-vis de la censure, qui est devenu un usage fréquent
dans le passage des films des salles obscures au DVD, dépasse dans le cas présent ce rôle simpliste d’argument commercial. C’est un ajout réel au propos de Watchmen, car
le monde qui y est dépeint est un monde ultraviolent, mené par les lois de la jungle et du talion, hanté par la mort et la désolation. La Doomsday clock n’est pas réglée sur Minuit moins Deux pour rien. L’avalanche de plans supplémentaires de membres tranchés, explosés
ou en train d’atteindre cet état est dès lors le prolongement naturel de ce que la version cinéma contenait déjà ; tellement naturel que ces ajouts ne semblent pas être en plus, mais que c’est la
version cinéma qui paraît déficiente.

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Déficiente, celle-ci l’était rien que parce qu’elle ne contenait pas les Tales of the black freighter. Ce récit dans le récit était déjà là dans le comic, et il est désormais intégré
dans l’adaptation cinématographique de la même manière, en pointillés dans l’intrigue principale. À la différence près que dans le comic les deux histoires partagent une même forme visuelle, ce
qui rend l’irruption des Tales… à chaque fois très brutale. Dans le film, le passage de prises de vue réelles à l’animation retenue pour Tales… rend les transitions plus
évidentes. Mais cette perte est compensée par un gain : ce récit secondaire, sous sa forme plus attachante, est encore plus furieux et désespéré que l’histoire centrale. Dans des teintes
rougeoyantes infernales ou verdâtres en décomposition, on y parle de folie autodestructrice et de cadavres exploités pour toutes formes d’usages ignobles. La finalité véritable de
Watchmen est révélée dans Tales of the black freighter de manière détournée, allégorique : porter un regard d’une noirceur terrible sur l’humanité, et sur les
malédictions inévitables qu’elle s’inflige à elle-même.

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Un autre récit dans le récit déjà présent dans le comic, ou plutôt en bonus de celui-ci (sous la forme de pages supplémentaires à la fin de chaque épisode) est Under the hood. Cette
configuration est reprise par Snyder qui en a fait un bonus DVD accompagnant le film. L’autobiographie fictive du personnage du Nite Owl premier du nom devient un faux documentaire télé, toujours
sur le même personnage. La mise en abyme y gagne plusieurs degrés dans le vertige provoqué. Le cinéaste et son équipe ont filmé les interviews qui composent le documentaire en s’inspirant très
fidèlement des talk-shows télévisuels des années 70, avec la complicité des acteurs du long-métrage jouant pour l’occasion un peu plus longtemps leurs rôles. Ils ne se sont pas arrêtés là,
rajoutant à Under the hood des fausses publicités (mêlées à des vraies de l’époque), et surtout des extraits de fausses images d’archives d’actualités des années 30-40, en noir et blanc
et muettes, qui illustrent les propos des « intervenants » aux côtés de fausses unes de journaux d’époque. Under the hood prolonge brillamment l’insistance de Snyder sur le
caractère uchronique du comic Watchmen, que l’on trouvait déjà à l’œuvre dans son idée pour le générique de début du film (un montage d’actualités alternatives
astucieusement porté par la chanson de Bob Dylan The times they are a-changin’). En se parant de la subtilité supplémentaire d’être une émission de télé datée de 1985 rediffusant un
documentaire de 1975, Under the hood, un des bonus DVD les plus déments et enthousiasmants de ces dernières années, renforce également un autre élément-clé du film : son obsession
pour le passé et le poids terrible que celui-ci fait peser sur nous.

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Parmi les autres suppléments, une grande partie sont inégaux, fouillis en raison d’une quantité excessive d’intervenants – certains en rapport avec le comic d’origine, certains en rapport avec le
film, certains en rapport avec le thème du module. Cela crée un effet de zapping qui empêche d’aller à chaque fois au-delà d’un simple survol du sujet, même si tous les suppléments ont leurs
petites informations intéressantes à grappiller. Les deux bonus qui échappent à cette inconstance sont également les deux plus passionnants. Celui traitant de la crédibilité technologique et
physique de l’œuvre laisse essentiellement la parole à un professeur de physique, qui explique en quoi le personnage Dr. Manhattan respecte et illustre les lois de la mécanique quantique une fois
son « exemption miracle » (sa maîtrise de sa fonction d’onde) acceptée. La section des journaux vidéo forme un making-of sobre et efficace, la concision de chaque module
(quatre minutes maximum) forçant à se concentrer uniquement sur l’essentiel. Au nombre des mini-documentaires les plus intéressants on trouve ceux consacrés aux décors, à la mise en scène sobre
(à une seule caméra, pour des plans le plus souvent fixes), à la préparation et à l’exécution d’une cascade dans la prison, et à la création du design de Rorschach et de Dr. Manhattan.

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