• Wanted, de Timur Bekmanbetov (USA, 2008)

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Où ?

A l’UGC George V, dans la minuscule salle 10 au fond de l’interminable couloir

Quand ?

Dimanche après-midi

Avec qui ?

Mon frère

Et alors ?

Wanted est un film moins décérébré qu’il n’en a l’air de prime abord au travers de sa bande-annonce et de son sous-titre français (« Choisis ton destin »,
sûrement piqué dans OK Podium). C’est à la fois un bien – comme on va le voir plus bas – et un mal : Wanted est par moments particulièrement verbeux, avec des tunnels de
dialogues à n’en plus finir au début, quand il faut tout expliquer de la situation, et à la fin, quand il faut tout reprendre de zéro. Pour résumer rapidement, Wesley, le héros (joué par le jeune
James McAvoy, parfait en type lambda auquel on peut s’identifier), se retrouve embrigadé dans une société secrète de tueurs à gages surpuissants qui font discrètement le ménage chez les puissants
de ce monde depuis 1000 ans, laquelle société secrète étant confrontée à un ex-membre rebelle qui les supprime un par un.

Si on laisse de côté le concept abscons et peu convaincant – euphémisme – du « métier à tisser du destin » (si, si) qui donne en code binaire les noms des cibles à éliminer,
ainsi qu’un épilogue gratuit et qui tombe à plat, le scénario de Wanted est bien fichu et intelligent. La 1ère demi-heure est un mix sans surprise mais efficace des 2 films phares
de la fin du millénaire dernier : Fight club (Wesley est un citoyen anonyme parmi des
millions, souffre-douleur insignifiant de sa copine, de son meilleur pote et de sa supérieure à son boulot qu’il déteste) et Matrix (une scène d’action introductive sans lien
immédiat avec l’intrigue, qui nous cloue dans notre siège par sa brutalité et sa manière de tordre le réel sans que l’on y soit préparé). Par la suite, la rhétorique totalitaire servie,
apparemment sans recul, au héros lors de son entrée dans cette élite meurtrière autoproclamée et refusant tout contrôle extérieur se verra astucieusement renversée pour laisser place à une morale
autrement plus pertinente. Celle-ci se cristallise dans un face-à-face final intelligent et bien ficelé, qui pose des questions d’ordre politique et éthique – et leur donne des réponses – que
l’on ne s’attendait sûrement pas à trouver en entrant dans la salle. Comme ses 2 glorieuses sources d’inspiration, Wanted réussit donc à jouer avec le spectateur sans jamais
paraître méprisant ou de mauvaise foi.

En plus de ces appréciables considérations de fond, Wanted réjouit surtout parce que, à l’instar d’un autre film des frères Wachowski (le récent Speed racer), il fait partie de cette nouvelle race
d’œuvres qui parviennent enfin à ne pas utiliser les jeux vidéo comme une source d’inspiration superficielle mais à y piocher des concepts qui modifient en profondeur la matière du film. La
puissance supérieure des tueurs de Wanted vient de leur capacité à tordre les lois de la physique à leur convenance, que ce soit pour des voitures – qui peuvent partir dans des
tonneaux ou des collisions hallucinantes -, des balles de pistolet dont la trajectoire devient courbe, et même leurs propres corps qui gagnent la propriété de se régénérer presque instantanément
quelque soit la blessure. Chaque scène d’action devient ainsi un niveau de jeu vidéo joué en démonstration par le programme lui-même, avec un décor et un thème spécifiques (poursuite entre
voitures sous le métro aérien de Chicago, collision entre une voiture et un train, fusillade à 1 contre 50 à la Max Payne…) et qui carbure selon ses propres règles ; celles d’un
univers où tout est malléable à l’envi, à condition que cela permette une marche en avant constante et sans le plus infime ralentissement. Un shoot continu d’adrénaline entrecoupé de
cut-scenes bavardes mais intelligentes : Wanted ferait un parfait jeu vidéo, c’est un très bon blockbuster.

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