• Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, de Woody Allen (USA, 2010)

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inconnu-2Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Jeudi soir, à 22h30

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

 

La quête de la quantité et de la régularité (un film par an, depuis bientôt un demi-siècle) a toujours prévalu sur celle de l’excellence chez Woody Allen. Mais ces derniers temps, le cinéaste est
véritablement branché sur courant alternatif, de bons films de genre – le film noir Le rêve de Cassandre, la comédie acide Whatever works – se trouvant intercalés avec des
chroniques sentimentales peu inspirées. Dans cette seconde catégorie, l’apathique Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu succède à l’insipide Vicky Cristina Barcelona d’il y a deux ans. L’épreuve
qu’il nous fait subir est toutefois autrement moins pénible. Le début du film séduit même beaucoup, avec sa lumière chaleureuse et raffinée signée Vilmos Zsigmond (chef-opérateur renommé –
Rencontres du 3è type, Voyage au bout de l’enfer, The crossing guard…), sa caméra montée sur ressorts qui n’arrête
pas de valser autour des personnages et donne l’impression d’être devant un premier film indépendant new-yorkais, et son introduction rondement menée sur un air de marabout-bout de ficelle de la
demi-douzaine de protagonistes principaux du récit.

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L’ivresse laisse la place au dégrisement, quand il s’avère que tous ces personnages sont en réalité des clones bâtis sur un même modèle psychologique, bien mince : insatisfaits de leur
situation sentimentale actuelle quelle qu’elle soit, obnubilés par l’idée d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte et la vie plus douce, et ourdissant stratagèmes et manipulations pour
parvenir à leurs fins. D’une intrigue à l’autre les enjeux, les tromperies et la morale – très amère : à une exception près, pas forcément enviable, tous et toutes finissent le film en moins
bonne situation qu’ils ne l’ont attaqué, qu’ils soient riches ou pauvres, talentueux ou sots – sont jumeaux, interchangeables. Le propos en pâtit, inévitablement, puisque l’encombrement du récit
en personnages entraîne la réduction du temps consacré à chacun. On se retrouve avec un fonctionnement binaire de série tv de base : une scène pour poser les prémisses d’un conflit, puis une
scène un peu plus loin pour le faire éclater. Et ainsi de suite. Les personnages ne sont que les exécutants de ces conflits imposés arbitrairement par l’auteur du scénario comme autant d’étapes
sur la route menant à la conclusion voulue (c’est ce même défaut qui plombait Happy few il y a quelques semaines). Ils ne respirent pas,
n’ont pas de marge de manœuvre, pas de vie réelle en sorte. Et ce qui leur arrive ne peut ni nous intéresser, ni nous impacter.

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