• Un frisson dans la nuit, de Clint Eastwood (USA, 1971)

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Où ?
À l’Action Écoles, entre Saint-Michel et Jussieu. Le film, ressorti en copie neuve, y fait un lien imprévu entre le cycle des Cahiers du cinéma sur l’année 1971 et la rétrospective consacrée en parallèle à Eastwood réalisateur.


Quand ?

Mardi soir


Avec qui ?

Seul, parmi une demi-douzaine de courageux bravant le froid qui règne sur la capitale


Et alors ?

1er long-métrage de Clint Eastwood en tant que réalisateur, Un frisson dans la nuit est loin de bénéficier de nos jours de la même exposition médiatique (diffusions télé, éditions DVD…) que la majeure partie de ses films suivants. Non qu’il soit quelconque ou honteux, loin de là ; mais il fait figure d’ovni au regard de la cohérence du reste de l’œuvre de Eastwood. On imagine mal ce dernier s’aventurer dans le genre des slashers, ou s’immerger dans la culture flower power du début des années 70 ; ce sont pourtant les 2 piliers de Un frisson dans la nuit.

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Eastwood est Dave, un DJ tombeur de filles, dans la région de Carmel (là où le cinéaste vivait et vit encore, près de San Francisco), à l’heure de la libération sexuelle et de la musique pop. Élève appliqué pour ses débuts derrière la caméra, Eastwood reprend en fait les recettes qui marchent alors (mais il le fait très bien) : mélange de fiction et de réalité (une scène a été tournée au festival de Jazz de Monterey), intrigue qui laisse une place importante aux personnages, bande-son dans le vent, grands plans d’ensemble mettant en valeur l’environnement qui entoure les héros – l’océan, la plage, les falaises… Plus que devant un des films futurs de Eastwood, on se croit par moments devant certains des « tubes » du moment, Gimme shelter, Point limite zéro, Les tueurs de la lune de miel.

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Que vient faire ce dernier film (récit glauque de la cavale de 2 tueurs en série) au milieu d’un tel cadre ? La banalité du mal telle qu’elle y est décrite fait écho à l’intrusion dans Un frisson dans la nuit d’un terrifiant élément perturbateur, une fan du héros dont la frénésie amoureuse va se transformer en jalousie destructrice et meurtrière lorsque Dave la repousse. Là encore, Eastwood reprend un motif récurrent dans le cinéma américain de l’époque : le mal next door, anonyme, qui prend le visage d’un voisin ou d’un inconnu insoupçonnable a priori. Il en fait une interprétation très réussie, en faisant partager au spectateur de manière très crue le malaise et l’impuissance des gens « normaux » face à cette situation. Le personnage joué par Eastwood lui-même est le meilleur symbole de cette perte totale de moyens, jusqu’à être par moments un peu trop passif. Le reproche ne s’applique par contre pas à Eastwood réalisateur, qui jongle fort habilement entre ses 2 ambiances (au cours du climax, entre autres) et lacère ce monde idyllique de poussées de rage dans la lignée de Psychose.

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