• Une histoire vraie, de David Lynch (USA, 1999)

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straight-3Où ?

A la cinémathèque, dans le cadre de la rétrospective consacrée au réalisateur jusqu’à la fin du mois

Quand ?

Dimanche, à 17h

Avec qui ?

Mon compère de cinémathèque

Et alors ?

 

David Lynch aux commandes d’un film linéaire, franc, sans créatures maléfiques dissimulées dans les craquelures et qui manipulent les personnages à leur insu ? On ne va pas se mentir,
l’incrédulité est le sentiment dominant, que ni le titre original au double sens ironique (The straight story : Straight est le nom de famille du héros, mais aussi l’adjectif de la
langue anglaise qui est le plus antithétique de l’œuvre de Lynch), ni le thème musical tout droit venu de  Twin
Peaks
qu’Angelo Badalamenti appose sur le générique de début ne viennent atténuer. La première séquence, qui décrit un banal et pourtant tragique accident de la vie
courante (un vieil homme fait une mauvaise chute chez lui, personne ne s’en rend compte avant plusieurs heures) met immédiatement le film sur de meilleurs rails. Deux des attributs principaux de
Lynch, à savoir son goût pour le décalage incongru/grotesque et la structuration très ordonnée, très mathématique qu’il installe dans sa mise en scène de tels événements, s’y révèlent aussi
efficaces dans ce cadre anodin que dans celui vertigineux dans lequel ils ont leurs habitudes. L’enchaînement de petites choses inconséquentes qui pilotent le drame – la voisine qui rentre se
faire un snack, l’ami qui fait le déplacement car Alvin, le héros, est en retard pour boire des coups au bar – et le flegme avec lequel ils sont observés sont absolument savoureux et nous
embarquent immédiatement à bord du film.

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Par la suite, plusieurs moments d’Une histoire vraie reproduisent la même prouesse : les préparatifs du périple d’Alvin (que le scénario envoie faire 300km juché
sur sa tondeuse à gazon pour aller voir son frère), son retour anticipé à la case départ après un premier essai brisé net, ou encore la réparation à mi-parcours et l’hébergement chez des inconnus
pendant cette pause forcée. Toutes ces scènes ont en commun de mettre en lumière une facette inattendue de Lynch, celle d’un cinéaste du concret, de la logistique ordinaire. Qui excelle dans
l’acte de faire ressortir ce que ces tâches et démarches peuvent avoir de passionnant, et de complexe ; à l’image de l’ouverture, le déroulement de chacune de ces séquences repose sur
l’interaction volontaire ou inconsciente de plusieurs individus, de leurs compétences ainsi que de leurs caractères. Et sous leurs dehors anodins, ces parties du film sont en définitive de très
beaux moments de cinéma.

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Je suis plus réservé sur l’autre fondement d’Une histoire vraie, les leçons de vie délivrées à intervalles réguliers par Alvin et les individus qu’il croise sur son
chemin, avec qui il échange récits d’expériences personnelles et impressions sur le monde et les relations humaines. On quitte alors le cinéma pour se retrouver face à du prêche transparent et
convenu, fidèle aux clichés du road-movie. Le jeu de Richard Farnsworth, très délicat et attachant, n’est pas du tout en cause. Les dialogues un peu plus, même si la réalisation soudain moins
inspirée ne fait pas grand-chose pour les soutenir. A force de me laisser quelque peu blasé tout au long de la route, le film m’a moins touché dans sa conclusion du voyage qu’il n’ambitionne
visiblement de le faire. Le coup d’essai de Lynch hors de ses terres familières me laisse au final une impression mitigée : un peu trop anecdotique, un peu trop court dans les émotions.

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