• Une arnaque presque parfaite, de Rian Johnson (USA, 2008)

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Où ?

A l’UGC Orient-Express, dans la salle la plus proche du RER

 

Quand ?

Vendredi soir, à 22h

 

Avec qui ?

Ma femme

 

Et alors ?

 

Après avoir fouillé le Net à la recherche de circonstances atténuantes, il m’a fallu me rendre à l’évidence : Rian Johnson a raté son deuxième film tout seul, comme un grand. La seule faute dont
s’est a priori rendu coupable le studio qui l’a produit est d’avoir tellement peu cru en ce long-métrage qu’ils l’ont sorti en catimini en mai dernier, neuf mois après sa première présentation en
festival et deux ans après le début du tournage… Mais jusqu’au bout, Johnson semble avoir cru mordicus en son œuvre – un point sur lequel nous nous trouvons en désaccord.

Si Une arnaque presque parfaite rejoint les rangs des « navets et déceptions » de ce blog, c’est en raison de la qualité du premier film de Johnson,
Brick, chroniqué il y a peu ici-même. Il est
assez méchant, mais cependant juste, de dire que l’Arnaque… en est à peu près le négatif. S’attaquer à un film joyeux est une toute autre gageure que réussir un drame, et le
jeune réalisateur en fait la dure expérience. Trop de choses sonnent faux ou sont surfaites dans ce récit et la manière dont il est conduit. La musique de Nathan Johnson, le cousin, si singulière
et envoûtante dans Brick et simplement horripilante ici ; les multiples sauts de puce à travers le globe pour n’aboutir dans chacun de ces lieux qu’à des scènes beaucoup trop
courtes, sans passé ni avenir, et donc sans valeur en soi ; les seconds rôles croisés au fil de l’intrigue, desservis par une écriture bâclée et paresseuse ; etc. Film concassé (il faudrait au
bas mot une demi-heure de plus pour que tous les éléments que Johnson y a mis puissent réellement s’épanouir), forcé au chausse-pied, Une arnaque presque parfaite se voudrait
euphorique et festif, mais n’est qu’hystérie et excès.

La faute originelle se trouve peut-être dans le déséquilibre du trio de personnages principaux. Comme tout cinéaste masculin qui la choisit pour un film, Johnson est en adoration devant la
ravissante Rachel Weisz, et lui sert sur un plateau un délicieux rôle de riche héritière aussi téméraire qu’ingénue. Le sous-estimé Mark Ruffalo est lui aussi très bien servi, en tant que cerveau
génial des arnaques et alter-ego évident du réalisateur, puisqu’adepte de bons mots sophistiqués et de machinations alambiquées à double ou triple fond. Ces deux-là inspirent d’ailleurs à Johnson
les meilleures blagues du film, dont deux affirment que le potentiel comique du bonhomme est réel : un génial gag muet à trois temps, avec un sucrier bouché, et un impromptu montage de tous les
passe-temps, aussi inutiles que maîtrisés à la perfection, de l’héroïne. Le problème, c’est que la clé de voûte de cet édifice, le personnage censé relier l’arnaqueur (dont il est le frère) et la
fille (dont il est amoureux), inspire beaucoup moins Johnson. Adrien Brody peut bien se débattre autant qu’il veut, son rôle est voué à la déconfiture – et il entraîne malheureusement le film
avec lui.

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