• The trouble with Wall-E (Andrew Stanton, 2008)

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Où ?
Sur 3rd Street Promenade, à Santa Monica (yeah baby !)

Quand ?
Vendredi soir (20h heure de Los Angeles ; 5h du matin heure de Paris)

Avec qui ?
Ma femme, et une vingtaine d’autres spectateurs (quasi-exclusivement adultes sans enfants)

Et alors ?

Pour moi, Ratatouille avait été l’an dernier le 1er accroc sur le chemin de l’implacable machine de guerre qu’est devenue Pixar en
l’espace d’une petite dizaine d’années. Au bout de cette glorieuse décennie, l’état de la concurrence artistique ressemble à ce qu’est la Terre au début de Wall-E : un champ de
ruines. Mais, après Ratatouille, le 2è ratage (encore plus marqué) qu’est ce nouveau long-métrage pose la question d’un essouflement réel du leader incontesté du monde de
l’animation. Pourtant, le début de Wall-E marche sur les traces des alléchantes bandes-annonces et semble annoncer rien de moins qu’un chef-d’oeuvre de maturité, d’audace et de
brio visuel. Le pitch, incroyablement osé quand on sait la pression du résultat qui pèse sur les épaules de Pixar, met en scène une Terre dérivée de Blade runner,
recouverte de déchets et d’immondices et abandonnée par ses habitants humains partis dans le cosmos voir si l’herbe est plus verte ailleurs – ou à défaut existe encore. Ne reste plus sur la
planète qu’un robot nettoyeur, le fameux Wall-E, chargé depuis 700 ans de concasser les détritus en petits blocs cubiques qu’il entasse en des tours monumentales et plus hautes que les
gratte-ciels encore debout.


Un personnage fragile, solitaire et légèrement désaxé (Wall-E a développé une personnalité, il est curieux et de tout et tient une sorte de musée de « curiosités » à ses yeux : briquets, ampoules,
vieilles VHS…), un terrain de jeu gigantesque, pas de dialogues : voilà Pixar qui renoue avec ses courts-métrages cultes qui ont fait sa renommée et qui feront encore hurler de rire dans 700
ans. De plus, la dramaturgie insufflée par la mise en scène (couleurs sales et délavées, équilibre parfait de l’action entre l’incongruité des péripéties de Wall-E et l’ambiance de destruction
définitive à la Philip K. Dick qui règne autour de lui) laisse pantois – en 10 minutes, les gars de chez Pixar font mieux qu’une bonne partie des oeuvres de science-fiction qui se sont attaquées
à ce sujet. Rebelote lorsqu’un 2è robot, Eve, apparaît dans le récit : son comportement opposé à celui de Wall-E (elle fonce et détruit tout ce qui obstrue son chemin), son design visuel et son
rôle mystérieux font immédiatement mouche.


Cependant, il reste encore une heure à tenir. A court d’idées pour leur moyen-métrage conceptuel et muet entre 2 robots sur une Terre dévastée, les scénaristes font le choix de la fable
moraliste :
(***** SPOILER *****)
Wall-E et Eve rejoignent un paquebot spatial où survivent les derniers humains, lesquels sont devenus des larves obèses et ignares qui s’en remettent entièrement à l’intelligence artificielle
pour gérer leurs besoins, vitaux ou non. Dans cette – longue … – 2è partie, tout est bâclé, par manque de temps (pourquoi pas après tout, devoir sortir un film ambitieux et novateur chaque été
n’est pas le rythme le plus reposant qui soit ni le plus favorable au maintien d’un haut niveau de qualité) ou d’inspiration. Pour commencer, tout ce qui se passe à l’intérieur du vaisseau est
d’une triste laideur visuelle, entre des motifs simplistes et des couleurs plates et sans saveur. Plus grave, le sujet de fond n’est jamais réellement traité, laissant la place à une interminable
litanie de péripéties superficielles et répétitives (comme dans un jeu vidéo mal réglé ou pervers, Wall-E et Eve se font rejeter tous les 1/4 d’heure au fin fond du vaisseau, et doivent trouver
un moyen de rejoindre le poste de commandement) et à une morale qui se prend les pieds dans le tapis.


Pour un film censé prêcher la bonne parole de l’écologie et du retour au naturel, à la terre (dans tous les sens du terme), Wall-E s’y prend en effet particulièrement mal
entre son script artificiel, en pilotage automatique – enjeux simplistes, rabâchés et éculés, personnages secondaires qui font 2 blagues et puis s’en vont – et sa constance à vouloir schématiser
et séparer une fois pour toutes ce que l’humanité a de « bon » (amour, tolérance, persévérance… choses appliquées aux robots) de ce qu’elle a de « mauvais » (lâcheté, paresse, laisser-aller moral
et physique… appliquées aux humains). Ce manichéisme semble moins bêtement méchant que simplement maladroit, comme le sont le final édifiant – du genre évangéliste mystique – et l’incapacité
complète du film à intégrer de l’humour, de la nuance à partir du moment où il cherche à prêcher en faveur d’une cause. Celle-ci a de toute façon bien du mal à passer : après une heure passée à
se faire matraquer que notre mode de vie actuel conduit à nous transformer en mollusques inaptes mentalement et physiquement, tous les spectateurs ont pris l’escalator mécanique plutôt que
l’escalier.

P.S. : heureusement, demain matin (ce soir en France), The dark knight… miam miam miam.

P.S. 2 : 3 photos de Los Angeles pour oublier Wall-E



Bon, là on n’oublie pas vraiment…



Là ça va mieux…



Et là c’est nickel, surtout si on se met en tête de trouver
dans quel film culte cet immeuble a été employé à sa juste valeur

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