• The september issue, de R.J. Cutler (USA, 2008)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

(de notre envoyée spéciale au cinéma l’Arlequin)

The September Issue aurait eu de la peine à être complètement mauvais. Suivre la parution d’un numéro de magazine aussi lu et aussi mythique que Vogue, et en plus pour son
numéro-phare était, dès le départ, une bonne idée, dont la seule existence avait rassuré les amateurs de mode. Ainsi, programmé dans peu de salles, on a vu débarquer sur hauts-talons mercredi 16
septembre 2009 à l’Arlequin de Montparnasse tous ceux qui n’avaient pas eu de place dans les multiplex. Un public déjà acquis : trop facile ? Peut-être, mais le film remplit presque totalement sa
mission, et avec style. La bonne surprise du documentaire est qu’on ne suit pas seulement la glaciale et professionnelle Anna Wintour (la sorcière du Diable s’habille en Prada)
dans sa croisade pailletée, mais que le réalisateur, dont on perçoit presque la surprise, s’attache quasiment autant au portrait, plus spontané et moins maniéré, de sa collaboratrice aux cheveux
hirsutes Grace Coodington.

L’air de rien, celle-ci ne se laisse pas autant marcher sur les escarpins que les autres, et impose sa patte arty branchée à des séries de photos à couper le souffle. C’est elle qu’on appelle
quand la reine de septembre juge au dernier moment que toute une séance est à refaire. C’est aussi elle qui souffre le plus ; être à la limite de comprendre Anna Wintour semble être plus
difficile que d’être, comme les autres, de simples satellites lointains et terrorisés dans la galaxie du magazine. Grace Coddington shoote. Grace Coddington montre sa photo préférée, et Anna
Wintour tranche dans le vif sans justifications. L’incrédulité de la rédactrice de l’ombre poinçonne le film régulièrement : elle soupire, se plaint à ses collègues, demande pourquoi, et parfois
même court-circuite l’avis de la rédactrice en chef quand elle est sûre de son bon droit, créant au sein du magazine une autre forme de rapport à l’autorité. Elle explique tout, là où Anna
Wintour ne sert que des réponses lapidaires. Elle sourit de ses malheurs, là où Anna Wintour joue les gorgones à la moindre contrariété. Deux stratégies pour arriver à ses fins, et un équilibre
parfait, qui finit de mener The september issue dans un tourbillon de flashs et de couleurs tout à fait jubilatoire. Aucun autre personnage d’arrière-plan ne recevra le même
traitement, même si on perçoit, toujours, l’envie brouillonne du réalisateur de les connaître tous.

Malgré un début assez convenu, des montages parfois peu originaux qui font penser à des économiseurs d’écran de luxe, le film reste globalement à bonne hauteur. Ne boudons pas notre plaisir
d’être entrés dans la gueule du mastodonte de huit cents pages qu’est Vogue, et d’en avoir reçu plus que ce pourquoi on était venu.

Les commentaires sont fermés.