• The proposition, de John Hillcoat (Angleterre – Australie, 2005)

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proposition-1Où ?

A l’Espace Saint-Michel

 

Quand ?

Samedi soir

 

Avec qui ?

Ma femme

 

Et alors ?

 

The proposition a effectivement tout d’un film appelé à rester invisible hors de son pays d’origine : installé dans un genre tamponné comme mort (le western), et n’étant porté ni
par la présence d’un acteur d’importance ni par un buzz orchestré festival après festival – un accessit ramené de Venise (prix du scénario) n’a visiblement pas suffi. Pour rappel, The
proposition
ne sort en France que quatre ans après sa réalisation, à la faveur du bel accueil critique du long-métrage suivant de son auteur John Hillcoat, La route. Il donne donc
l’occasion d’observer à rebours la progression de Hillcoat, tant ce « nouvel ancien » film est l’expression d’un talent encore en chantier.

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Le scénario du film, écrit par le chanteur Nick Cave, est à la fois son meilleur atout et son boulet. Atout par son récit multiple, boulet par ses personnages trop peu développés. Ces derniers ne
sortent jamais de leur carcan de stéréotypes du genre qu’ils soient bandits de grand chemin, chasseurs de primes, shérif ou femme de shérif. Ils ne donnent pas le sentiment d’avoir d’autre
motivation que celle de s’appliquer à assurer le bon déroulement de l’histoire à laquelle ils sont assignés, comme tant d’autres protagonistes de western avant eux. Leurs actes restent dès à
l’état d’automatismes récités par cœur. Sur un canevas d’ambivalence morale similaire (les bandits pourchassés sont des brutes sanguinaires mais les garants de la loi se montrent tout aussi
barbares, et font appel à des tueurs à gages sans probité aucune ; d’où la mise en branle d’un jeu de massacre exponentiel et possiblement sans fin), on se rappelle que le
Impitoyable de Clint Eastwood, par exemple, parvenait à faire émerger de véritables caractères.

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Le talent naturel des acteurs convoqués, pour la plupart des abonnés aux seconds rôles, sauve les meubles – et même un peu plus, car on ne se désintéresse à aucun moment de l’action de The
proposition
. Comme dans La route, Hillcoat démontre une belle aptitude à discerner ce qu’un comédien peut amener à son film par sa simple présence physique (les frères
ennemis Guy Pearce et Danny Huston) ou verbale (Emily Watson, seule femme dans un monde de brutes), et à le mettre en valeur. Le cinéaste est tout aussi à l’aise dans la révélation de l’ambiance
que peut créer un décor à lui seuil – ici les multiples facettes du bush australien, dont le rouge flamboyant et agressif constitue une variante à la fois familière et particulière du classique
désert des westerns hollywoodiens. Il est enfin un troisième domaine dans lequel Hillcoat excelle : la maîtrise du rythme du récit, ou plus exactement la faculté à créer un tempo assez unique en
son genre où se succèdent de longues pauses contemplatives hypnotiques et de brusques flambées de violence féroce. Tant The proposition que La route sont des
brasiers s’animant à l’improviste et se consumant subitement, en brûlant alors tout le combustible alentour – combustible qu’il est nécessaire d’accumuler de nouveau avant de craquer l’étincelle
suivante. La principale différence entre les deux feux est que le plus récent est porteur d’un sens puissant que The proposition, plus immotivé (plus « exercice de
style »), n’a pas.

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