• Step brothers, d’Adam McKay (USA, 2008)

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Où ?
Au Central Theater de San Francisco, caché au fond du dernier étage d’un immense centre commercial dans lequel on s’est d’ailleurs perdus – l’une des 2 séries d’escalators ne menait que dans un
grand magasin sur plusieurs niveaux, sans connexion avec le reste du mall hormis tout en bas.

Quand ?
Lundi soir

Avec qui ?
Ma femme, et une cinquantaine de spectateurs (dans une salle pouvant en compter 10 fois plus ; l’effet lundi soir, quand tous les gens sont déjà allés au cinéma le week-end) qui étaient tous dans
notre tranche d’âge. Avant le film, on a eu droit aux bandes-annonces de Tropic thunder de Ben Stiller et Pineapple express de Judd Apatow : avec Step
brothers
, ce trio d’oeuvres dingues, absurdes et sans complexes pourrait bien faire de cet été un moment mémorable de la comédie américaine.

Et alors ?


Will Ferrell et John C. Reilly (les 2
abrutis magnifiques sur l’affiche) avaient déjà été réunis en tant que duo comique dans Talladega nights, il y a 2 ans. Vous n’avez jamais entendu parler de ce film ? C’est
normal, la popularité de Will Ferrell étant ce qu’elle est en France – quasi-nulle, voire les sorties dramatiquement réduites des Rois du patin et de Semi-pro – et le film étant consacré au Nascar, il n’est jamais sorti en France. Porté par les mêmes acteurs, le
même réalisateur (tous les 3 co-scénaristes) et le même producteur Judd Apatow, Step brothers
aura plus de chance : en train de faire un carton aux USA (30 millions de $ de recettes le 1er week-end, seul à résister au tsunami Dark knight), il passera chez nous à partir du 1er octobre prochain. Pourtant, son sujet n’est pas plus
accrocheur que celui de Talladega nights : il n’y en a pas.

Step brothers « raconte » l’histoire de Brennan et Dale, 2 hommes de 40 ans qui ne travaillent pas, vivent encore chez leur père / mère et se retrouvent donc à partager
la même chambre lorsque ces derniers se marient sur un coup de foudre. Et c’est à peu près tout. La totalité des blagues repose sur le principe unique et délirant que les 2 héros ont en même
temps 40 ans (physiquement) et 15 ans (mentalement) – et sur l’application frontale de ce principe, puisqu’il n’est à aucun moment question d’en donner une quelconque justification. Brennan et
Dale ne sont ni arriérés mentaux, ni victimes de la foudre, ni symboles exagérés de l’adulescent : ils sont une source inépuisable de gags visuels – la cabane dans les arbres, la double bagarre
sans limites autour d’une batterie – et verbaux (la réplique de l’année : « It’s like masturbating in a time machine ») balayant tous les humours possibles. Step
brothers
passe à la volée du vulgaire au puéril, du déguisement au plaisir de tout casser, de la répétition apparement perpétuelle (les faire-valoir autour de Brennan et Dale qui leur
demandent de grandir) à la charge grinçante et presque plus drôle – une stupéfiante séquence de dîner où le petit frère de Brennan, effrayant rejeton « parfait » de l’Amérique
républicaine puritaine et cupide, anime chez les auteurs une haine à la fois vertigineuse et très intelligemment canalisée d’un style de vie dénué de toute folie, de tout imaginaire.



Sans logique (impossible de prévoir sur quel terrain va être joué le prochain coup), sans histoire – le film atteint son apogée jubilatoire lorsqu’il détruit avec fracas le peu de scénario qu’il
a construit autour de la relation entre Brennan et Dale – et sans orientation externe (chaque blague porte sur elle d’avoir été intégralement pensée par le trio Ferrell / Reilly / McKay en roue
libre), Step brothers est pendant 1h15 un idéal de comédie, un joyau brut qui génère crise de fou rire sur crise de fou rire comme dans un rêve. Et puis la machine se grippe,
comme si le trio avait soudainement pris peur de la portée de leur création et souhaité rentrer dans le rang en écrivant à la va-vite un mini-suspense poussif et prévisible. Même s’il reste dans
ce dernier acte un exubérant numéro de vocalise dont Will Ferrell a le secret et une jouissive baston post-générique contre une armée de gamins, la déception est bel et bien là de voir
Step brothers trébucher à quelques encablures de LA comédie parfaite.

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