• Star Trek, de J.J. Abrams (USA, 2009)

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Où ?

A l’UGC George V (seulement, plutôt qu’au Normandie), dans la salle 2 (seulement, plutôt que dans la salle Prestige ; Star Trek n’est définitivement pas vendeur en France)

 

Quand ?

Samedi matin

 

Avec qui ?

Mon compère d’UGC, et un autre pote de l’école

 

Et alors ?

 

Les cinq premières minutes de Star Trek sont absolument grandioses ; peut-être bien le grand moment de cinéma de l’année 2009. J.J. Abrams y mêle le démesuré et l’intimiste, son
sujet imposé (le space-opera) et son péché mignon (le soap-opera) sur la base d’une idée géniale, à laquelle personne n’avait encore pensé : un accouchement lors d’un face-à-face dantesque entre
deux croiseurs spatiaux, le père de l’enfant à naître étant le capitaine d’un des deux vaisseaux. Le résultat est d’une telle force dramatique que l’on a les larmes aux yeux avant même
l’apparition du titre à l’écran.

 

La séquence qui suit n’est pas mal non plus. Pour illustrer la jeunesse du futur héros James T. Kirk, Abrams se fend d’une jouissive proposition alternative de clip de la chanson Sabotage des Beastie Boys. Les interminables lignes droites de l’Iowa, une voiture de
course conduite par un gamin impertinent, un flic à ses trousses, un canyon au bout du chemin ; la simplicité de la scène est aussi brillante que son efficacité est redoutable.

 



Après ce double prologue, le film commence pour de bon – et les ennuis avec. J.J. Abrams est bien le digne héritier du savoir-faire hollywoodien en matière de blockbusters
spectaculaires, mais il aurait dû y réfléchir à deux fois avant de s’atteler à un film se voulant, comme il le déclare, à l’opposé du « cynisme » de The dark knight. La contestation de ce soi-disant cynisme tourne
au déni de ce qu’il exprime de la complexité du monde actuel et de l’échec de l’impérialisme américain des dernières décennies. Le Star Trek d’Abrams se fonde sur un retour aux
recettes de ce mode obsolète de pensée et d’action, avec un équipage d’américains blancs et rayonnants formant une « force armée de maintien de la paix » dans laquelle sont
admis une noire (en mini-jupe), un japonais (pilote gaffeur et sabreur hors pair) et un russe dont l’accent hésitant lorsqu’il parle anglais provoque des blagues au ras des pâquerettes. La
réduction de leur ennemi pour ce film au statut de terroriste sans autre allégeance qu’à une violence aveugle et génocidaire et que l’on achève dans sa grotte conforte le récit dans le sillage
d’une affligeante vision manichéenne du monde, la même qui nourrissait la propagande de l’administration Bush dans ses campagnes guerrières. Star Trek ne renie pas seulement
The dark knight ; il efface jusqu’aux enseignements de Starship troopers, dont il reprend à l’identique la dernière scène en en retirant tout le second degré
ironique et critique. Auteur jusqu’ici d’un parcours sans faute (Alias, Mission impossible 3, Cloverfield), Abrams trébuche ici d’une manière qui fait
voir d’un œil moins indulgent certaines poussées conservatrices de sa nouvelle série Fringe, en particulier une attirance marquée pour les assauts de forces anti-terroristes suréquipées sur les domiciles de suspects potentiels.

 



Sur un plan plus désinvolte, ceux qui suivent en ce moment la cinquième saison de Lost seront amusés de retrouver presque à l’identique dans Star Trek deux importants nœuds de récit – le voyage dans le temps,
et l’élaboration d’un plan impliquant une explosion cataclysmique devant permettre de modifier le cours des événements. Co-créateur de la série à ses origines, Abrams pioche dans les idées de
ceux qui lui ont succédé, idées dont il propose ici une version digest divertissante. Mais qui reste loin des montagnes de questionnements moraux et cérébraux gravies par
Lost, dont le sommet est prévu pour être atteint après-demain dans le final de la saison.

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