• Sous les bombes, de Philippe Aractingi (Liban – France, 2006)

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Où ?
Au MK2 Quai de Seine, où le film bénéficie d’une programmation ambitieuse qui le place dans l’une des 2 grandes salles du cinéma

Quand ?
Hier soir, à 22h

Avec qui ?
Seul, au milieu d’une quinzaine de spectateurs (c’est souvent vide, un cinéma le lundi soir à 22h)

Et alors ?

Comme son titre le laisse pressentir, Sous les bombes raconte plus une situation qu’une intrigue. Les bombes sont celles de l’armée israélienne, qui pilonnèrent sans relâche le
Sud du Liban pendant 33 jours à cheval sur les mois de juillet et août 2006. Le réalisateur de documentaires Philippe Aractingi se trouve alors sur place, et filme des premières images avant
d’être rapatrié en France. Il décide de revenir au Liban dès le cessez-le-feu déclaré, avec sous le bras une ébauche de scénario et 2 acteurs, pour tourner dans les décombres une fiction centrée
sur une femme à la recherche de son fils et sur le chauffeur de taxi qui accepte de l’accompagner dans le Sud.

Hormis ce couple principal et 2 rôles secondaires, toutes les autres personnes croisées en chemin n’ont rien de fictif mais sont de véritables habitants des villes traversées, jouant leurs
propres rôles. Les gravats qui les entourent n’ont malheureusement rien de fictif non plus. Certains plans de ponts effondrés ou de maisons désagrégées rendent crûment compte du gouffre qui
existe entre nous, qui vivons à l’abri des guerres et pouvons nous divertir à craindre la destruction par écran interposé (de La guerre des mondes à Cloverfield), et eux, que le destin a piégés au milieu
de tels événements tragiques. Rien que pour cette mise au point, Sous les bombes doit être vu.

En termes de cinéma, le bilan est mitigé : tout d’abord très convaincant, jusqu’à une séquence poignante tournée pendant les obsèques des tués de la ville de Cana (qui n’ont pu avoir lieu
que 19 jours après le bombardement), le film perd de sa force par la suite. L’inflexion se fait lorsque la part de réalité du récit s’efface après avoir été la base solide des enjeux dans la 1ère
moitié du récit. Comment rejoindre une ville malgré les routes éventrées ? Où on été emmenés les survivants dans le chaos général ? Est-il possible de s’octroyer un peu de réconfort et
de plaisir, même éphémère (très belle scène entre le chauffeur de taxi et la réceptionniste de l’hôtel) ? Telles sont alors les questions posées de but en blanc par et aux personnes
croisées. Lorsque Sous les bombes se recentre sur le destin et la personnalité de ses 2 héros, et cherche à faire du « vrai » cinéma en quelque sorte, une certaine
maladresse vient gâcher les choses. Une musique omniprésente, des dialogues introspectifs convenus et un rythme haché rappellent qu’Aractingi n’est pas réalisateur de fictions mais de
documentaires.

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