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- Sicko, de Michael Moore (USA, 2007)
 
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Où ?
  Aux 5 Caumartin, petit cinéma indépendant bien caché aux abords de la gare Saint-Lazare
Quand ?
Lundi soir
  Avec qui ?
  Ma fiancée, et quelques autres habitués de ce cinéma peu fréquenté
Et alors ?
    Michael Moore aurait-il mûri ? Son dernier pamphlet, Sicko, est en tout cas son plus pertinent, avec une inflexion sensible vers un discours moins égocentrique et
    moins gratuitement racoleur. Je n’aurais jamais cru écrire cela à son propos (surtout après l’invivable voyeurisme de la dernière partie de Fahrenheit 9/11), mais Moore
    se ferait presque discret, s’effaçant derrière les victimes du système de santé américain qui ont répondu à son appel à témoins.
  
    J’ai bien dit « victimes » du système de santé. On sait tous que dans le pays formidable que sont les États-Unis, l’accès aux soins médicaux est quasiment inaccessible à ceux qui ne
    peuvent pas se payer une assurance maladie privée, à moins d’énormes sacrifices. Ce que l’on sait moins, et sur quoi le nouveau Moore concentre ses efforts (là où l’ancien se serait repu de
    cas édifiants de la catégorie précédente), c’est que se faire soigner est tout aussi difficile pour les détenteurs d’une telle « protection ». Car le but des compagnies d’assurances,
    comme de toutes les entreprises américaines, est de maximiser les profits et d’assurer la tenue du cours de l’action. Une évidence ? Bien sûr. Mais qui, appliquée au domaine de la santé,
    aboutit à des histoires insupportables de cynisme, dans lesquelles des trentenaires meurent de cancers ou des bébés d’infections pour l’unique raison que la compagnie chargée de leur santé les a
    jugés moins importants que les milliers de dollars des traitements nécessaires, identifiés et fiables.
  

    Face à de tels témoignages, même Michael Moore se rend compte que le simple énoncé des faits suffit. Mieux, le fait d’exposer les conséquences désastreuses du choix des autorités de laisser les
    clés d’un domaine si sensible à des intérêts privés (sur ce point, la découverte d’un enregistrement audio de Nixon entérinant ce transfert rappelle que Moore et son équipe sont d’excellents
    fouineurs) semble l’ouvrir à de nouveaux horizons idéologiques. D’américain moyen râleur, il se métamorphose sous nos yeux en alter mondialiste convaincu et convaincant, car capable de prendre du
    recul par rapport aux abus qu’il pourfend pour se représenter le tableau dans son ensemble. Au cours de ses voyages de Candide dans des pays méprisés (Angleterre, France) ou haïs (Cuba) par une
    majorité de ses concitoyens, il entame ainsi une réflexion aiguisée et réellement polémique sur les notions de solidarité, de qualité de vie, de bonheur, qui sembleraient bien, dans ces pays,
    être le contraire de subordonnées à la bonne santé du libéralisme économique.
  
    Il est toujours possible d’ergoter sur les simplifications employées par Moore ici et là au cours de son périple. Mais ce serait prendre Sicko sous le mauvais
    angle : le cinéaste s’adresse en premier lieu aux américains, pour qui SOS Médecins, les médicaments à bas prix ou le libre choix de son hôpital sans demander préalablement à son assurance
    sont de la science-fiction. De ce point de vue, l’efficacité de la démonstration ne peut être niée – jusqu’à en être douloureuse dans son climax cubain, où l’on découvre que des
    inhalateurs vendus 120$ aux USA coûtent à peine 5 cents sur l’île. Et s’il y a quelque chose à prendre pour nous dans Sicko, c’est que le principe d’accès universel et
    solidaire aux soins est un bien trop précieux pour ne pas le protéger avec la plus grande vigilance.
  

