• Shine a light, de Martin Scorsese (USA, 2008)

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Où ?
Au Max Linder Panorama, l’endroit idéal pour voir le film puisqu’on y trouve depuis le début de l’année un projecteur numérique (et que Shine a light a été tourné justement en
numérique)

Quand ?
Dimanche soir

Avec qui ?
Un pote cinéphile et fan de rock (et des Stones en particulier), le cocktail idéal pour profiter du film

Et alors ?

Loin des documentaires enflammés et remarquables de Scorsese sur le rock (le dernier en date étant le monument de 4 heures consacré à Bob Dylan, No direction home), Shine a
light
n’est rien de plus qu’un concert des Rolling Stones filmé. Pour y trouver un intérêt, il faut donc s’intéresser soit à la musique jouée, soit à la technique visuelle utilisée – ou,
encore mieux, aux 2. En ce qui concerne les chansons, celles-ci sont jouées par les 4 sexagénaires avec un plaisir toujours intact, et un son royal. Les simples amateurs dilettantes du groupe
risquent cependant d’être un peu désarçonnés, car hormis dans le rappel explosif (les 3 ‘S’ : Sympathy for the devil, Start me up, Satisfaction) la plupart des
titres interprétés proviennent d’albums moins connus, tel le génial Exile on Main Street dont 4 morceaux sont joués.

Du point de vue technique, un amusant prologue d’une dizaine de minutes présente Scorsese comme une « petite main » anonyme s’affairant en coulisses sur des questions qui n’intéressent
personne pendant que les grands de ce monde – les Stones, les Clinton pour la fondation desquels a lieu le concert – se congratulent sur scène. Et puis, comme un gamin qui jouerait un mauvais
tour, le cinéaste renverse la situation juste avant le début du concert en un tour de main, par le biais de 2 petites saynètes : une complainte de Mick Jagger sur la puissance des
projecteurs, à laquelle Scorsese répond par une pirouette (« we don’t want to burn Mick Jagger ! »), et un vrai-faux top départ – visiblement rajouté au montage – donné
par le réalisateur à la 1ère chanson.

Après cela, la présence de Scorsese est évidente – mais jamais pesante. Plus que les images d’archives intercalées de façon trop clairsemée (même si leur choix induit un regard ironique sur le
groupe, qui après 40 ans de provocation plus ou moins superficielle se retrouve à jouer devant un public de VIP tellement triés sur le volet qu’il n’y a même pas besoin de service d’ordre autour
de la scène), c’est via la mise en scène en elle-même que Scorsese s’exprime. Les projecteurs ont beau « cramer le cul » de Mick Jagger, ils permettent au chef op’ Robert
Richardson (Casino, Kill Bill) d’obtenir une lumière sensationnelle, qui enveloppe tous les musiciens présents sur scène. Sur cette base, le dispositif haut de
gamme mis en place par Scorsese capte dans le même temps le vieillissement évident des membres du groupe – superbe usage du numérique et de son niveau de détail presque surnaturel, pour souligner
les moindres inflexions de leurs visages (pour les chanteurs) et de leurs mains (pour les guitaristes) – et leur débauche immodérée d’énergie – le nombre de caméras (16), leur positionnement
(certaines sur grue, d’autres à l’épaule dans le public donc en contre-plongée), leur mouvement perpétuel sont autant de moyens qui permettent de nous faire ressentir la fougue perpétuelle des
Stones.

Toutes ces caméras, Scorsese ne cherche jamais à les cacher ; au contraire, les plans les plus rares sont ceux sans aucune caméra dans le champ. Une manière pour lui de rappeler quand sans
lui, le metteur en scène, et sans ses caméras et projecteurs, le film n’existerait pas. Scorsese s’offre d’ailleurs en fin de parcours un dernier petit plaisir, celui de choisir où et comment
s’achève Shine a light. Comment ? Par un très réussie et très drôle faux plan-séquence. Où ? Sur New York, la ville indéfectiblement liée au cinéaste, vue dans son
ensemble et dans toute sa splendeur nocturne.

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