• Seuls les anges ont des ailes, de Howard Hawks (USA, 1939)

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Où ?

A la maison, en DVD zone 2 anglais (acheté après la rétrospective Hawks à la cinémathèque, au cours de laquelle j’avais raté ce film)

Quand ?

Samedi dernier, le soir

Avec qui ?

Ma femme

Et alors ?

Seuls les anges ont des ailes est un film hawksien typique, absolu presque. On y est invité à suivre l’intimité presque banale d’un groupe d’individus isolé du monde par les
conditions extérieures (ici une petite entreprise de transport aérien du courrier montée par une bande d’américains dans les Andes), ce qui permet la focalisation sur les relations sentimentales,
d’amitié, et professionnelles au sein de cette communauté. Dans Seuls les anges ont des ailes, Hawks va plus loin que dans ses classiques bâtis selon le même principe (Rio
Bravo
, La chose d’un autre monde) en
allant jusqu’à se détacher des obligations de genre – western, thriller… – ou d’intrigue dans laquelle les personnages doivent s’insérer. Aucun événement majeur, imposant (typiquement l’arrivée
du méchant / la destruction du méchant) ne vient ici décider de l’ouverture et de la clôture du film. Il y a certes quelques péripéties de temps en temps (des décollages et atterrissages dans des
conditions météo dantesques, très bien écrites et filmées à l’aide de miniatures), mais elles sont clairement accessoires.


De tout cela, le film tire une étonnante unicité. Seuls les anges ont des ailes est positif : sans menace explicite à repousser, le scénario se concentre sur les thématiques
lumineuses que sont la fraternité qui soude un groupe, le pardon et la deuxième chance, l’amour et le respect qui font marcher les couples – sans que ces notions soient à aucun moment tirées vers
la facilité et les clichés. Seuls les anges ont des ailes est terre-à-terre, aussi : les dangers autour d’eux prenant une forme diffuse et impossible à éradiquer (les éléments
naturels, les contraintes du système capitalistique), les héros font preuve de grandes capacités d’humilité et de simplicité. Cela donne une superbe scène de chant joyeux et collectif en réponse
à la mort d’un pilote, d’où tout pathos ou surjeu sont exclus. Cela donne des emprunts finauds et légers aux codes de la screwball comedy pour nourrir les relations au sein du vrai-faux
trio amoureux entre Cary Grant (immense), Jean Arthur (dans un rôle superbement moderne) et Rita Hayworth (son premier film). Cela donne, enfin, une conclusion géniale qui nous attendrit
sincèrement sans jamais avoir l’air d’y toucher, en faisant le pari – payant – que les émotions émergent forcément d’une scène bien ficelée. Ce qui est le résumé, et l’exemple parfait de
l’efficacité hawksienne portée à son paroxysme. Utilisée cette fois-ci pour montrer que si seuls les anges ont des ailes, les humains ont bien d’autres trésors à offrir.

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