• Séraphine, de Martin Provost (France, 2008)

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Et alors ?

 

La cérémonie des César 2009 approche, et une chose est déjà certaine : elle ne pourra pas sacrer un film aussi mauvais que le grand vainqueur de 2008, avec sept statuettes – film, actrice,
scénario, photographie, décors, musique, costumes. Séraphine n’est pas mauvais au sens où il serait raté ; il est mauvais car il est vide. Il est pourtant assez évident que
Provost a eu une idée claire de ce dont il voulait traiter au travers du destin de la peintre Séraphine de Senlis : le mystère de l’inspiration et de la création artistique, rarement aussi
fortement personnifié que chez cette femme de condition et d’éducation modeste, que rien ne prédisposait à la peinture hormis son exaltation mystique qui la faisait dialoguer avec la Vierge Marie
et avec la nature.

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Mais quelque part entre son apparition et sa mise en application dans un long-métrage, cette idée s’est égarée en route. Avant même d’en arriver à son laborieux dernier acte, qui se délite en une
triviale biographie factuelle déroulée en accéléré, Provost perd complètement de vue son objectif. Il semble avoir gardé les yeux rivés sur les écueils identifiés à éviter : expliquer
l’inexplicable, donner à son héroïne une logique interne par des enchaînements de mots ou de séquences. C’est bien beau de savoir ce que l’on ne veut pas faire, mais cela ne suffit de toute
évidence pas. Trop respectueux et/ou impuissant face au mystère intime de Séraphine, le réalisateur reste à – trop – bonne distance de celui-ci et se retrouve coincé à filmer encore et encore les
mêmes actions (Séraphine peint, Séraphine chante, le marchand d’art qui a repéré son travail l’encourage…) et les mêmes plans (Séraphine marche dans la campagne). L’humilité est un trait de
caractère appréciable chez un individu, mais pas dans une œuvre d’art ; et les tableaux de Séraphine que l’on voit saisissent d’ailleurs par leur flamboiement, leur volonté de s’affirmer aux
yeux du monde et surtout de ne pas passer inaperçus. Le film, lui, est si effacé qu’il finit par être insignifiant, une voiture de manège pour enfants au lieu d’un vrai véhicule.

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L’exceptionnelle platitude de la forme de Séraphine n’aide pas à déclencher le moindre début d’une émotion. Sûrement car Provost ne s’approche jamais de celles de ses personnages,
sous l’effet d’une forme aiguë de timidité maladive. Il filme comme s’il ne voulait surtout pas déranger, ou brusquer – spectateurs autant que protagonistes. Les heurts, difficultés et conflits
sont sans cesse escamotés par des coupes brutales, qui laissent sur le carreau des séquences stoppées en plein élan ; alors que les moments de transition (scènes d’exposition ou de réaction à un
événement, trajets divers), prodigieusement indolores, sont étirés et répétés jusqu’à euthanasie du spectateur. Même passé en vitesse rapide au moyen de la fonction ad hoc du lecteur vidéo de
l’ordinateur, Séraphine reste ainsi plus lent dans son déroulement – et dans ses dialogues ! – que n’importe quel autre film. Vraiment. La seule référence pertinente pour jauger
Séraphine, c’est l’inspecteur Derrick.

 

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