• Retour de vacances, et retour sur… The box

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Le meilleur supplément du DVD de The box est le commentaire audio du film par son
auteur-réalisateur Richard Kelly. Ceux qui sont allergiques à cet exercice trouveront un condensé des principales informations qu’il contient dans les autres bonus, mais de manière moins directe
et moins fouillée. Un premier choc nous attend dès l’entrée en matière, avec l’explication que le couple principal est un décalque des parents de Kelly – pas sur des détails qui fournissent de
quoi étoffer des protagonistes, mais vraiment. Le père de Kelly a travaillé à la NASA sur la caméras des sondes Viking, sa mère a souffert du même
accident et du même handicap physique que ceux infligés au personnage joué par Cameron Diaz, Richard Kelly était leur unique enfant….

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On touche là tout de suite à ce qui est un point-clé du fonctionnement du cinéaste lorsqu’il compose ses films : une inspiration puisée dans sa propre existence, sans aucune retenue sur la
quantité et sans aucun filtre pour en déformer la substance. Sur un mode mineur, un autre exemple est l’utilisation du Syndrome d’Usher, une maladie génétique qui provoque la surdité et la cécité
dès le plus jeune âge et dont le fils d’un ami de Kelly était atteint, comme instrument majeur de scénario (ce n’est rien de moins que la clé de voûte du dernier acte) sous une forme certes plus
dramatique et surnaturelle. Plus important, cette gémellité entre réalité et fiction est la raison cardinale qui fait que les récits si complexes de Kelly nous captivent et nous émeuvent
toujours, The box autant que les autres. Ces constructions délirantes, paranoïaques et à tiroirs pour lesquelles il a réellement un don – étant donné comment il parvient
à équilibrer parfaitement l’explicite et le caché, le révélé et l’ambigu – sont en réalité le seul type d’histoire qu’il est capable de raconter. Son commentaire audio laisse entrevoir qu’il est
incapable de ne pas réfléchir en termes de complots et de secrets ; et s’il n’a pas forcément le bagage politique et intellectuel pouvant remplir de manière substantielle ces enveloppes, il n’y a
pour autant aucun cynisme dans son action de piéger ses personnages dans de tels univers tragiques et sans issue. Il ne s’agit là que de la transposition directe sur eux de sa conception du
monde. Il exprime donc naturellement, sans avoir à forcer le trait, une très forte empathie envers ces individus fictifs, y compris les plus mineurs dans l’intrigue, ce qui les fait tous
immédiatement exister à nos yeux et nous les rend importants.

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Enfin, le commentaire audio aide à comprendre autour de quelles références conceptuelles et spirituelles s’articule le dénouement, qui m’avait sensiblement embarrassé lors de la découverte du
film en salles. En définitive, ce dénouement est tout à fait légitime dans le système de pensée de Kelly car ce dernier a en lui une foi chrétienne puissante, qui lui fait croire à l’impérieuse
nécessité de l’expiation des péchés (les héros ont cédé à la tentation d’appuyer sur le bouton, ils ne peuvent donc aspirer à un éventuel pardon qu’après avoir fait acte de contrition, voire de
sacrifice) ainsi qu’à une vie après la mort. Le choix final des héros devient ainsi le bon, ou en tout cas le moins mauvais, car le monde actuel et les drames qu’il peut contenir ne sont que
secondaires par rapport à l’autre existence qui suit. On adhère ou non à une telle vision des choses, mais aux derniers mots du commentaire de Kelly aux échos de morale définitive de l’histoire –
« N’appuyez pas sur le bouton » – on adhère tous, quelle que soit notre philosophie personnelle.

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