• Retour de vacances, et retour sur… Funny people

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Les suppléments de Funny
people
  permettent de prolonger l’exploration de l’œuvre introspective fascinante réalisée
par Judd Apatow. Dans le très long (1h15) et très bon making-of, le réalisateur montre bien dans plusieurs de ses interventions avoir tout à fait conscience de ce qu’il est en train de faire :
« Je n’aurai jamais d’autre occasion de faire un tel film », « C’est plus un drame qu’une comédie ». A propos de drame, parmi les scènes coupées présentées
celles approfondissant la vie du personnage d’Ira, interprété par Seth Rogen, faisaient nettement pencher le film dans cette direction. Trop nettement sans doute, pour la cible grand public et
les objectifs commerciaux (qui ne furent malgré tout pas atteints) de ce blockbuster estival. Les autres à-côtés de Funny people que le DVD regroupe sont du même acabit,
qu’il s’agisse d’extraits plus longs des navets tournés par le personnage de George / Adam Sandler ou de la fausse sitcom pas drôle Yo, teach. Il y a là définitivement un acte de
conjuration, de déballage du dégoût qu’inspire à Apatow la grosse planche à billets qu’est Hollywood. Et à côté de cela, un acte de nostalgie ; car il est difficile d’interpréter autrement la
présentation sur le DVD d’un nombre conséquent d’archives de l’avant-Hollywood, telles que des canulars téléphoniques dans leur intégralité, ou les premières apparitions sur scène ou à la
télévision des uns et des autres.

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Funny people est donc, incontestablement, le grand œuvre de Apatow, sans comparaison possible avec 40 ans toujours puceau  et En cloque mode d’emploi. Ce qui est admirable et qui transparaît bien dans les suppléments est que
le cinéaste est parvenu à intégrer cet aspect du projet dans le tournage lui-même et pas seulement dans le résultat à l’écran. Apatow a regroupé tous ses proches, d’hier et d’aujourd’hui, il les
a faits monter ou remonter sur scène pour de véritables numéros de stand-up, il leur a enfin donné à jouer, de manière consciente, des rôles directement dérivés de personnes réelles : eux-mêmes,
pour son épouse Leslie Mann et bien sûr Sandler, ou d’autres. Ira est ainsi une recréation fidèle de ce qu’Apatow était à cet âge, information qui enrichit bien évidemment notre perception de pas
mal de péripéties vécues et de positions prises par ce personnage… Des projets cinématographiques introspectifs d’une telle envergure, et traitant d’individus « normaux », communs,
sont aussi rares que fascinants. Funny people est un documentaire d’Apatow sur lui-même, en fait – et celui-ci en est tout à fait conscient, puisqu’il emploie
précisément ce terme de documentaire pour qualifier sa démarche d’écriture et de mise en scène.

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Un revisionnage du film permet de se rendre compte de ce qui en fait sans ambiguïté le contraire d’une comédie. Il n’y a aucun échappatoire, ni aucun répit pour les personnages. Dès qu’ils se
lancent dans un plan d’action ou choisissent de suivre une ligne (a)morale, le scénario leur adjoint inévitablement une personne ayant sur la situation un regard au mieux neutre, au pire
contradictoire. La présence d’Ira aux côtés de George tout au long de sa tentative narcissique de récupérer l’ancien amour de sa vie est le plus éclatant exemple de ce qui est assurément une
pratique de drame psychologique, intime : forcer en permanence ses héros à questionner leur jugement, leurs actes, leur vie. Choisir la voie de la difficulté de l’introspection, plutôt que celle
de la légèreté de la superficialité de la comédie.

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