• Red road, de Andrea Arnold (Royaume-Uni, 2006)

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Où ?

A la maison, en K7 vidéo enregistrée sur Canal + (en VF malheureusement)

Quand ?

Mardi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Revenir à l’humain. Telle est la volonté de ce film intimiste et rugueux qui commence dans un monde asphyxié par les caméras de surveillance et s’achève sur Love will tear us apart de
Joy division, chanson épurée où les sentiments sont mis à nu. L’intrigue est des plus simples : Jackie, une femme dont le mari et la fille ont été tués accidentellement par un chauffard retrouve
par hasard le visage de celui-ci sur un des écrans de contrôle des caméras de surveillance de la ville qu’elle scrute à longueur de journée dans son travail. Elle élabore un plan pour entrer dans
la vie de Clyde, et la réalisatrice Andrea Arnold maintient longtemps le doute sur l’objectif de Jackie : se venger (ce qui semble être l’idée de base) ou bien construire autre chose en passant
au-delà du traumatisme – Clyde s’avère difficile à haïr, avec ses propres drames personnels et ses modestes mais sincères bonnes actions. Focalisé presque uniquement sur Jackie et Clyde, le
scénario en tire une étude de caractères passionnante, avec des personnages façonnés couche après couche, scène après scène, de sorte qu’ils ne sont jamais gravés dans le marbre du manichéisme.
Le reste du monde est tellement repoussé hors champ que les scènes observant autre chose que le couple improbable Jackie – Clyde (l’épilogue par exemple, même s’il trouve sa place dans le cadre
de progression morale du récit) sont inévitablement un ton en-dessous.

Le principal atout de film est la qualité de sa mise en scène. En 1er lieu, par l’appropriation d’un décor qui a rarement droit aux honneurs du cinéma : les immenses barres de tours d’habitation
qui rendent les humains minuscules à leurs pieds, avec les rues sans âme qui les entourent, les ascenseurs saccagés, le vertige qui vous happe dans les étages supérieurs… Red
road
s’attarde dans chacun de ces lieux, faisant du HLM un endroit concret, un personnage à part entière et non juste un gadget synonyme de misère. On ne regarde pas ces gens de loin, en
passant vite sur l’autre trottoir ; on partage une partie de leur vie (la chanson Morning glory de Oasis est un emblème planté au milieu du récit ; Andrea Arnold aurait aussi
pu choisir Common people de Pulp).

Surtout, la mise en scène est en parfaite osmose avec l’évolution du scénario. La froideur de Jackie s’exprime dans la 1ère 1/2 heure à travers son environnement saturé de caméras de
surveillance, son bureau/cage étriqué, des couleurs métalliques et aphones et l’absence de scènes dans le « vrai » monde, sans filtre. Puis la vie entre peu à peu, des discussions, des
bastons, le plein air (qui entre par bourrasques symboliques par la fenêtre de l’appartement de Clyde), jusqu’au sexe. Celui-ci est le sujet d’une très belle scène, dont la crudité se justifie
doublement : Andrea Arnold montre ainsi comment la chair, le monde physique s’imposent de force à Jackie; et le naturalisme de la scène est nécessaire par rapport à la suite du plan de Jackie,
qui implique les fluides que sont le sang et le sperme. Après cela, que manquera-t-il pour parachever son retour parmi les vivants ? La musique. Love… love will tear us apart…
again…




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