• Paranormal activity, de Oren Peli (USA, 2007)

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Où ?

Sur mon iPod, dans le train puis dans mon lit dans le noir (même pas peur)

 

Quand ?

Mercredi

 

Avec qui ?

Seul

 

Et alors ?

 

2009 aura été un véritable annus horribilis pour le cinéma d’horreur. Aucune œuvre renversante à se mettre sous la dent, à peine deux ou trois
bagatelles pour passer le temps (Midnight meat
train
 ; The box, si l’on étend la recherche à un cadre plus large). Comme la
nature a horreur (ho ho ho) du vide, l’espace a été principalement occupé par des suites sans âme et sans saveur des phénomènes d’hier, voulues par des producteurs alléchés par un retour
sur investissement garanti : The descent 2, [REC] 2, Destination finale 4...
Mais pas de Cloverfield 2 à
l’horizon, sûrement car ses créateurs ont une suffisamment haute opinion d’eux-mêmes, mais qu’à cela ne tienne ; la bête hollywoodienne est allée dénicher sur Internet un semblant de
descendance avec ce Paranormal activity, un machin qui n’aurait jamais dû quitter son écosystème naturel qu’est YouTube. [Je lui ai d’une certaine manière rendu justice en
n’allant pas le voir dans une salle de cinéma].

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Paranormal activity contient une bonne idée : celle de la caméra fixée sur pied dans un coin d’une chambre à coucher, et scrutant en vision de nuit les événements mystérieux
qui s’y déroulent. On peut pousser jusqu’à dire une bonne idée « et demie », car l’agencement du cadre vu par l’œil de la caméra est excellent. Je pense en particulier à la porte
laissée ouverte sur le couloir sur le bord gauche, qui a pour effet à la fois de prolonger le champ de vision, et de le fermer – la qualité limitée de l’image et l’absence de lumière dans le
couloir font qu’à partir d’un mètre au-delà de la porte, on ne voit rien d’autre qu’une masse noire impénétrable. Mais ce qu’Oren Peli tient là est une idée de court-métrage, ou au mieux de
succession de vidéos virales à envoyer sur le Web à intervalles réguliers. Sur la durée d’une heure et demie qui est celle de Paranormal activity, ce n’est même plus d’étirement
d’une intrigue famélique dont il est question mais de son absence pure et simple. Les neuf dixièmes du film sont le siège d’un surplace qui serait fascinant s’il n’était pas à ce point
exaspérant. Les deux personnages, Micah et Katie, se filment la nuit et captent un coup un bruit de pas,
une autre fois un claquement de porte ; puis Micah et Katie se filment le jour s’engueulant à propos
de l’attitude à adopter, chacun campant sur une position et des arguments rigides et sommaires.

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Aucune étincelle ne vient sortir de sa médiocrité (et du profond ennui qui l’accompagne) cet objet mal écrit, mal joué, mal filmé. Et qu’on ne vienne pas dire que le style choisi du journal filmé
est en cause ; Cloverfield est rempli de plans ciselés et porté par des acteurs mieux dirigés et plus dégourdis. Le potentiel d’affolement mais aussi de réflexion – la caméra
comme témoin exact, mais aussi comme agent circonscrivant le champ de perception – de Paranormal activity était grand. Mais il aurait
fallu un véritable metteur en scène aux commandes pour lui donner sa pleine mesure. Entre les mains de Peli, les idées restent en jachère et, pour ressentir de la peur, il faut avoir au préalable
une crainte des fantômes permettant de remplir de soi-même les blancs laissés par le film. Paranormal activity ne brise cette rengaine pénible que dans ces cinq dernières minutes,
lorsque Peli prend enfin une décision : laisser pour de bon la caméra sur son promontoire. La fixité du cadre, le plan-séquence, le hors-champ peuvent alors faire leur (petit) effet. C’est
insuffisant pour sauver le long-métrage, mais correct pour une petite vidéo horrifique fugace et efficace.

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