• OSS 117 : Rio ne répond plus, de Michel Hazanavicius (France, 2009)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans une des trois grandes salles

 

Quand ?

Le soir de la sortie du film, à 22h30

 

Avec qui ?

Ma femme, pour un ciné coincé entre deux séjours en province loin de toute salle obscure

 

Et alors ?

 

Enfer et damnation ! Porte-étendard d’un idéal de comédie française capable d’associer succès public (près de deux millions et demi d’entrées pour le premier volet, Le Caire nid
d’espions
) et réel souci de qualité comique et cinématographique, pierre philosophale à mi-chemin de Steak et Bienvenue chez les ch’tis, OSS 117 rate la
marche de la confirmation. La déception est forcément à la hauteur des attentes. Elle se double d’une bonne dose de frustration, car les raisons pour lesquelles Rio ne répond plus
échoue sont pour la plupart inattendues.

 



En dehors d’une histoire famélique (une première heure sautant de sketch en sketch sans fil directeur, puis un dernier acte largement resucée du premier film), ce qui est malheureusement le lot
de nombreuses suites de comédies, le principal point noir tient au glissement d’un comique de situations et de dialogues à un comique de personnages. On sait depuis Le Caire nid
d’espions
– voire même, pour les plus à la pointe, depuis La classe américaine – que le réalisateur Michel Hazanavicius et son coscénariste Jean-François Halin maîtrisent
à merveille la première catégorie, avec pour résultat cet humour génialement absurde et inventif qui fait mouche dans chaque scène du film ou presque. On en retrouve des éclairs dans Rio
ne répond plus
, par exemple lorsque OSS 117 se met en tête de récupérer auprès de l’ambassade d’Allemagne une liste recensant les anciens Nazis vivant au Brésil. La majeure partie du
temps, il est cependant plus question de nous faire rire du personnage que des circonstances dans lesquelles il se retrouve. Le but (trop) clairement visé est d’en faire un James Bond, époque
Sean Connery, de pacotille ; une piste qui se tarit vite, et donne principalement lieu à des blagues graveleuses déjà peu inspirées dans l’absolu, et dès lors bien loin du niveau
d’excellence que l’on attend de cette suite.

 



A plus d’une reprise, une question plus dérangeante m’a traversé l’esprit pendant la séance : et si les géniteurs de ce OSS 117 nouvelle génération n’aimaient plus leur créature ? Il
semble en effet que leur indulgence à l’égard de leur antihéros plus infantile que réellement méprisable ait disparu, à en croire la méchanceté dont ils font preuve envers lui par personnages
secondaires interposés. Là où ceux qui entouraient OSS 117 au Caire se contentaient d’ignorer le plus poliment possible ses élucubrations ineptes et son incompétence, les seconds couteaux en
place à Rio mettent les pieds dans le plat et lui répondent du tac au tac. Ce qui est aussi constructif et plaisant à voir que de gifler un enfant, quand on se souvient que OSS 117 est le genre à
passer des nuits entières à s’amuser à réveiller des poules dans une grange en allumant la lumière. Le monde autour de lui n’est dorénavant plus vu à travers le prisme gentiment benêt de son
regard (hormis dans une séquence, potentiellement hilarante mais à peine développée, de poursuite au ralenti dans un hôpital) ; il nous est au contraire montré avec suffisamment de réalisme
pour que OSS 117 y paraisse fondamentalement crétin et rétrograde.

 



A force d’opposer frontalement ses personnages les uns aux autres sans jamais générer de complicité, et de ne fonctionner que sur le mode du conflit (le ratage complet de tout l’aspect buddy
movie
du récit étant d’une certaine manière le point culminant de stratégie), Rio ne répond plus s’enlise dans une indécision constante. Entre comique décalé et ingénu et
charge virulente au premier degré contre la « vieille France » dont OSS 117 est le représentant. Entre candeur et méchanceté. Entre la crainte de perdre le grand public et les
sentiments profonds ? En tout cas, il faudra savoir mieux se décider dans un éventuel troisième épisode. Sinon les quelques ambitions plaisantes de cinéma vues ici et là – le final mêlant
Vertigo et La mort aux trousses de Hitchcock – passeront définitivement inaperçues.

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