• Michael Clayton, de Tony Gilroy (USA, 2007)

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Où ?
À l’UGC George V, dans la grande salle, au balcon

 


Quand ?

 

Mardi soir

 


Avec qui ?

Ma fiancée (qui a eu du mal à tenir sous le double assaut d’une journée très remplie et du rythme lancinant du film), et 3 copains attirés par George « what else ? » Clooney

 


Et alors ?

 
 

Décidemment, la modestie et l’effacement dont j’ai parlés dans la plupart de mes chroniques récentes (ici, par exemple) continuent d’être une ligne directrice possible des sorties ciné qui font l’actualité, à travers les continents et les genres. Si la greffe ne prend pas aussi bien
ici que dans le drame familial ou la comédie de mœurs, elle ouvre tout de même des perspectives intéressantes et révélatrices de l’évolution d’un genre extrêmement balisé – Michael
Clayton
apparaissant ainsi comme un post-« film de procès ».


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Il y a bien un gros scandale de santé publique impliquant une multinationale tentaculaire, mais sans bons et ni méchants arbitrairement séparés comme le faisait à une époque le Hollywood
progressiste. Les 3 personnages centraux du récit, soldats anonymes d’une machine à écraser les velléités de justice des citoyens lambda, sont au contraire étonnamment semblables. Qu’ils soient
avocat engagé pour la défense de la multinationale (Tom Wilkinson), directrice juridique de celle-ci (Tilda Swinton) ou « nettoyeur » travaillant à arranger dans l’ombre les affaires
(George Clooney), tous cherchent avant tout à payer loyer et dettes et à maintenir un semblant de vie de famille. Ils ne sont pas heureux dans leur boulot, mais ont un chef qu’il ne faut pas
froisser pour espérer rester en poste. Les exigences du système ont pris le pas sur la marge de manoeuvre de chacun de ses rouages (ce qu’entrevoyait déjà Révélations,
de Michael Mann). Lorsque ces derniers n’en peuvent plus, ils craquent et scient la branche du système dans laquelle ils travaillent – mais ils tombent du coup avec elle.


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Pas de grande croisade donc, et encore moins de scène d’action spectaculaire ou de joute verbale exacerbée. L’histoire est vite exposée, sans rebondissements ultérieurs : on attend
« seulement » de voir si les personnages vont réussir ou non à surmonter leur inertie. Le film avance dès lors sur un faux rythme, avec une conclusion forcément en demi-teinte où le
retour à l’éthique n’a rien de triomphant et n’est pas récompensé. Selon les scènes, ces aspects sont éclipsés par la qualité du jeu des acteurs et de certaines idées de mise en scène (un
flash-back frappant car inattendu, un meurtre muet en plan-séquence, l’influence bien digérée des mécanismes hitchcockiens dans le dénouement) ; ou ils sont au contraire soulignés par des
vétilles de scénariste, lequel se laisse parfois aller à développer plus que nécessaire des points de détail. Dans l’ensemble, Michael Clayton ressemble fidèlement à son
rôle-titre : statique – comme sur l’affiche – et terne, avec un Clooney qui fait son âge (bientôt 50 ans) version vieille, cernes et tempes grisonnantes à l’appui. Ce pragmatisme désabusé
qui mène le film reflète assurément les échecs des luttes menées dans la vie réelle par la plupart des participants au projet (Irak, Darfour). Il en est d’autant plus intéressant et
expressif.

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