• Mesrine, partie 2 : l’ennemi public n°1, de Jean-François Richet (France, 2008)

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Où ?

Au MK2 Quai de Loire (il faisait chaud dans la salle, c’était bon !)

Quand ?

Dimanche soir, à 22h

Avec qui ?

Seul, après un rendez-vous manqué avec mon compère UGC mardi dernier

Et alors ?

L’ennemi public n°1 résoudra ce dilemme qui laisse pour l’instant soucieux : Richet est-il parvenu jusqu’au bout à planer au-dessus des embûches se trouvant sur sa
route, ou bien la fin de
L’instinct de mort préfigure-t-elle un enlisement dans une superficialité qui contredirait les belles promesses de la première heure ?

Une des deux solutions proposées dans cette phrase de conclusion de mon article sur L’instinct de mort, la première partie du biopic consacré par Jean-François Richet à Jacques Mesrine, est la bonne…


La principale source d’ennui(s) de L’ennemi public n°1 est qu’il est dominé par le splendide isolement de Mesrine. Ce dernier n’a plus de comptes à rendre à personne, ni
d’apprentissage à recevoir. Comme ce deuxième volet rejette, dans la continuité du premier, toute introspection du personnage, ce qui se déroule devant nos yeux se résume à un futile manège de
fête foraine, qui tourne en rond au rythme de la musique. Les gangsters braquent des banques (variante : un casino), les policiers les pourchassent. Mesrine / Vincent Cassel dévore le cadre
en criant et/ou menaçant quelqu’un d’un pistolet, les seconds rôles sont des compléments jetables bazardés après leur poignée de plans passés dans l’ombre du personnage-titre. Dans le rôle du
quota féminin, Ludivine Sagnier est à peine mieux pourvue que Cécile de France dans L’instinct de mort – ses lignes de dialogues se comptent sur les doigts de deux mains au lieu
d’une seule.


A force de tirer dans tous les sens, au propre comme au figuré, L’ennemi public n°1 développe vis-à-vis de son personnage une ambiguïté plus subie qu’ambitionnée. Ici brigand
séduisant (une scène de procès où il enchaîne les bons mots et ravit la foule), là individu médiocre et inconsistant (le tabassage d’un militant d’extrême-droite, scène miroir du meurtre d’un
arabe dans L’instinct de mort ; le monologue prémonitoire final dans lequel il dit de lui-même « Je n’ai jamais été un héros ni voulu en être un »), le
plus souvent simple excroissance au bout d’un flingue, Mesrine est tellement peu incarné que l’on en vient à se demander quelle est la raison de ces quatre heures passées dans son sillage.
L’ultime plan, repris sur l’affiche, le dépeint comme un martyr – d’une cause qui n’est jamais formulée. Cette dernière est pourtant limpide au vu du film : c’est sur l’autel du tout
spectacle et du prêt-à-penser que L’ennemi public n°1 est sacrifié.


Malgré ses promesses initiales, le film de Jean-François Richet n’est finalement qu’un nouvel avatar de ce cinéma français nouveau riche et clinquant, de passe-temps indolent où la forme étouffe
le fond. Où l’ambition se mesure à l’aune du niveau de détail de la reconstitution historique et où la musique explicite dès les premières secondes de chaque séquence ce qu’il y a à retirer de
celle-ci. Où des acteurs de premier ordre sont choisis pour jouer des rôles faméliques pour le simple prestige de leur nom, et où les concepts politiques sont résumés en huit mots maximum
(« les-brigades-rouges-veulent-détruire-le-système », « les-fachos-regrettent-l’Algérie-et-Papon »). Où, enfin, la mort de Mesrine signifie la fin immédiate du film ; car
qui dit fin de Mesrine dit fin de l’action et des courses-poursuites ; fin du remplissage de temps disponible ; début de la page de pub.

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