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À peine un mois de blogage et déjà une première entorse au principe tacite de ne traiter que de cinéma : ce n’est vraiment pas sérieux. Mais cet épisode de la 3è saison de Lost mérite que l’on s’y attarde pour la discrète révolution qu’il représente dans l’immuable flux tendu qui sert de fonctionnement aux séries TV, avec l’écriture et la réalisation à la chaîne des épisodes, et une anticipation dans les développements futurs de la trame réduite au minimum. Les cerveaux de Lost (JJ Abrams, Damon Lindelof et Carlton Cuse) nous ont déjà prouvé à de maintes reprises leur volonté de poursuivre l’œuvre de renouvellement des codes télévisuels entamée par Chris Carter et ses X-Files. Leur concept régi par des règles très strictes s’est avéré être dans le même temps ouvert à toutes les audaces de scénario – la découverte de la véritable nature des Autres, les morts brutales qui parsèment les épisodes – et de psychologie – les héros des premiers temps (Jack, Locke) deviennent de moins en moins fréquentables.
Ça, ce sont les changements de fond. Sur la forme, Lost est également portée par l’exigence constante de faire différemment, de refuser la routine. À Hawaii depuis le départ (tout comme Carter avait fui Los Angeles pour Vancouver pour les X-Files), les créateurs de la série ont fait débuter la 3è saison par 6 épisodes tournés et diffusés d’un seul bloc, suivis par une coupure de plusieurs mois digne d’une intersaison. Avant d’en arriver à cet épisode 3X14, où l’on nous raconte l’histoire de Nikki et Paolo, 2 naufragés introduits de façon minimaliste au début de la saison. La structure semble tout d’abord classique : une aventure sur l’île doublée d’un flash-back dans le monde du dehors. Sauf que.
Sauf que 2 éléments tout à fait imprévus envoient balader nos certitudes insignifiantes : les 2 nouveaux personnages meurent dans les 5 premières minutes de l’épisode, et leur flash-back quitte tout aussi vite Sydney pour rejoindre l’île, avec des séquences-clés déjà vécues au travers d’autres points de vue – le crash, la migration vers l’intérieur de l’île… L’intégration de Nikki et Paolo à ces scènes, qui sont secondaires pour eux et leur intrigue personnelle (une très belle idée de scénario), est faite de manière à réfuter les accusations de tournage a posteriori de plans de coupes. Pour dire les choses clairement : quasiment toute la partie en flash-back n’a pu être tournée que par petits bouts, au fil des 2 saisons et demie déjà écoulées, par des gens qui savaient dès le départ que ce matériau ne servirait que plusieurs mois plus tard. Le morceau de bravoure et de transgression force d’autant plus l’admiration qu’il est purement gratuit : sauf coup de théâtre, Nikki et Paolo ne devraient plus jamais réapparaître. Mais il ouvre une porte sur une source inattendue de nouvelles possibilités : en effet, rien n’empêche Abrams et Cie d’avoir tourné saynète par saynète des histoires parallèles pour la trentaine de rescapés qui nous sont encore inconnus sur les 50 de départ, et d’en faire des épisodes à part entière, aussi libres que celui-ci… et peut-être terriblement importants pour lever le voile sur certains points du mystère Lost – une des scènes de l’épisode 3X14 (où Paolo récupère un talkie-walkie des Autres et prend connaissance de leur projet d’enlever Jack, Kate et Sawyer) semble avoir été faite dans le but de montrer la voie de ce qui peut être fait dans cette direction.