• Les maîtresses de Dracula, de Terence Fisher (Angleterre, 1960)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?
A la cinémathèque
Quand ?
Hier soir
Avec qui ?
Djé, mon compère de cinémathèque toujours partant même pour une série B des années 60 comme ce soir. Et environ 400 autres spectateurs, la grande salle était presque pleine
Et alors… ?

La Cinémathèque de Paris s’encanaille à l’arrivée de l’été, avec cette rétrospective consacrée au réalisateur phare de la Hammer Films, ce studio anglais responsable dans les années 60 de la renaissance des franchises Dracula et Frankenstein, qui rendirent Christopher Lee et Peter Cushing célèbres. Les codes de ces films ont été tellement copiés et parodiés depuis qu’il est aujourd’hui difficile, même avec la meilleure volonté du monde, de réprimer regards incrédules et rictus moqueurs face à cette ambiance gothique jusqu’à la police du générique, ces couleurs criardes, ces effets spéciaux fauchés, ce jeu outré des différents acteurs. Pour ceux qui voudraient tenter l’aventure (allez-y, ça vaut réellement le coup), mieux vaut donc être prévenu qu’une phase d’adaptation est nécessaire.

brides2.jpg

En ouverture de ce cycle était proposé Les maîtresses de Dracula. Un film qui commence mal, puisque son titre est mensonger : Christopher Lee ayant refusé d’enfiler la cape et les fausses canines pour cette fois-ci, point de Dracula à l’horizon. À sa place, on nous refile un vampire quelconque, proclamé « disciple » et interprété par David Peel, lequel est très convainquant en baron charmeur de jeunes demoiselles mais manque de tranchant dès lors qu’il s’agit de passer à la morsure. On comprend pourquoi la Hammer a fait le forcing – avec succès – pour que Lee revienne dans les épisodes qui ont suivi. Heureusement, face à Peel Peter Cushing est égal à lui-même en docteur Van Helsing. Dur au mal et physiquement imposant dans les scènes d’action (son auto-guérison d’une morsure de vampire, avec fer incandescent et eau bénite, est LE morceau de bravoure du film), il se voit même offrir par Fisher un supplément de charme trouble qui ajoute de l’ambiguïté à son affrontement avec le vampire, dont il est par certains aspects le double. Pour le reste, le film est fidèle au cahier des charges Hammer : décors et photographie léchés, cadrages angoissants, demoiselles prudes et pourtant prêtes à se jeter dans les bras du premier vampire tentateur venu, et chez qui on ne sait ce qui est le plus affriolant, les tenues en dentelle ou bien l’ardente détresse. Et puis il y a quand même ce qui fait que ces films ne sont au final pas si ridicules que ça – une mise en scène extrêmement maîtrisée et rigoureuse, qui refuse le spectaculaire trop facile et rend le récit d’autant plus prenant et efficace.

brides3.jpg
P.S. : vu avec nos yeux d’aujourd’hui, Les maîtresses de Dracula impressionne enfin par l’influence qu’il a eu – comme de nombreuses autres œuvres du studio – sur la culture contemporaine. Ici, c’est le manoir du baron vampire qui a été recopié de l’entrée au grenier par l’équipe du jeu Resident evil premier du nom : gigantesque salle à manger, escalier grandiloquent, chambres avec balcons qui communiquent, et ces couloirs dont les angles semblent avoir été positionnés de manière à faire le plus peur possible quant à ce qui se cache derrière.

P.P.S. : la rétrospective Fisher dure jusqu’au 29 juillet prochain. Frankenstein contre le monstre de l’enfer et Les vierges de Satan sont paraît-il parmi les meilleurs crus, et pas seulement pour leurs titres. Quant aux Maîtresses de Dracula, il repasse le 20 juillet à 19h.

Les commentaires sont fermés.