• Les jolies choses, de Gilles Paquet-Brenner (France, 2001)

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Où ?
A mon (ancienne) maison, en K7 vidéo

Quand ?
Il y a 10 jours

Avec qui ?
Ma femme

Et alors ?

Voyageons dans le temps, pour revenir jusqu’en 2001 – si proche, si loin. En cette époque reculée, il était possible de réaliser des films français ambitieux ET visant un public plus large qu’un
cercle restreint d’initiés, moralement complexes ET dotés d’un budget somme toute confortable. Même s’il n’est pas parfait, Les jolies choses mérite le détour – et tient bien le choc plusieurs
années après sa sortie – pour avoir osé cet alliage désormais hautement improbable.

Les jolies choses est l’adaptation d’un roman de Virginie Despentes, auteur très à la mode au tournant du millénaire (le sulfureux Baise-moi) et aujourd’hui un peu oubliée. L’audace du film
vient autant du fond du roman, critique acide du show-business télé / musique, que du fait même de transposer fidèlement au cinéma une œuvre littéraire. Le réalisateur-scénariste Gilles
Paquet-Brenner, dont c’était là le 1er film, n’hésite ainsi pas à mettre telles quelles dans la bouche de ses personnages des répliques très écrites. Celles-ci donnent une identité forte à ces
Jolies choses, en indiquant clairement la rupture entre le monde qui y est décrit et le regard porté sur ce monde.

L’héroïne du film, Marie (Marion Cotillard, très convaincante pour son 1er rôle dramatique), veut profiter de ses talents vocaux pour gagner des thunes, vite. Pour cela, elle compte
naïvement enregistrer un disque, sans se douter qu’il ne s’agit là que d’une part insignifiante de ce qu’elle devra donner d’elle-même pour arriver à ses fins. On ne voit d’ailleurs aucune image
de l’enregistrement proprement dit, au contraire de l’étalage qui est fait des soirées orgiaques composées de drogue, d’alcool et de sexe jusqu’au dégoût, et des journées passées à monter des
plans marketing calculateurs et abusifs. Au-delà de ses limites – récit un peu cousu de fil blanc, jamais surprenant en tout cas, et mise en scène plus tape-à-l’œil que nécessaire -, l’excellente
idée des Jolies choses tient au brouillage effectué entre fiction et réalité. Par exemple en multipliant les sources d’images (vidéos promos, reportages télé, clips…), ou en choisissant parmi
les seconds rôles des personnalités plus people qu’artistes (Patrick Bruel, Ophélie Winter) qui jouent du coup une version fantasmée trash de leurs propres vies.

L’aboutissement de ce principe, et du film, se trouve dans la chanson finale interprétée sur la scène du Zénith de Paris (le vrai, avec ses 6000 et quelques places) par Marion Cotillard
elle-même. Superbement écrite, elle clôt d’une manière remarquable les différents enjeux du script et apporte la dernière et plus évidente preuve des moyens offerts à ce film ambitieux (oui, je
me répète) et assurément pas conçu pour plaire à tel ou tel public. Malheureusement, l’histoire se termina mal : Les jolies choses fit un bide, et Paquet-Brenner partit avec ses 2 acteurs
masculins Stomy Bugsy et Titoff, étonnamment bons ici dans des rôles sérieux, tourner la grosse comédie Gomez & Tavares. Qui elle, fut un succès. Monde de merde !

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