• Les bureaux de Dieu, de Claire Simon (France, 2008)

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Où ?

Au MK2 Quai de Seine, et non pas au Quai de Loire situé en face (et où nous nous sommes d’abord pointés)

Quand ?

Dimanche soir, à 21h30

Avec qui ?

Ma femme, et une salle pleine

Et alors ?

Les bureaux de Dieu est un film que l’on voudrait adorer, eu égard à la noblesse de son sujet. Depuis plus de trente ans maintenant, l’action du Planning Familial (consultations
et accompagnement gratuits sur tout ce qui a trait à la sexualité féminine, la contraception, la pilule du lendemain, l’IVG ici ou ailleurs où elle est autorisée après les 12 semaines légales
ici…) est en effet l’une des avancées socioculturelles dont nous pouvons être le plus fiers en France. Les bureaux de Dieu sacrifient à la mode actuelle de
« l’immersion », dans une antenne parisienne du Planning – mais sous une forme résolument cinématographique. Des échanges véritables observés par la réalisatrice Claire Simon dans les
bureaux de l’association sont rejoués en tant que saynètes de fiction par des comédiennes, ce qui permet d’ajouter au texte brut tout un travail complémentaire sur l’interprétation, la mise en
scène, le montage.


Au-delà de leurs noms prestigieux, c’est le talent des actrices associées au projet qui porte celui-ci. De Nathalie Baye à Nicole Garcia en passant par Isabelle Carré, Béatrice Dalle ou encore
Rachida Brakni (sans oublier les deux « mâles » Emmanuel Mouret et Michel Boujenah, excellents eux aussi), toutes se sont investies complètement dans le film, se fondant avec humilité
dans des rôles qu’elles rendent remarquablement vivants. Ce talent et cet effacement font regretter d’autant plus le manque d’ambition et de confiance en sujet de la réalisatrice. Comme si elle
avait peur que son message pourtant évident – les dames du Planning sont de simples femmes, mais elles font un travail formidable – ne soit pas entendu, Claire Simon surcharge son récit
d’interludes comiques et/ou intimes s’insérant entre les consultations. Mais, trop fragmentés, ils nous laissent de marbre. Par ailleurs, et bien que chaque situation présentée soit passionnante
en soi et de la plus haute importance pour les personnages, leurs thèmes et déroulements sont trop proches de l’une à l’autre pour éviter qu’un sentiment de lassitude ne s’empare quelques fois du
spectateur au cours des deux heures du film.


Le didactisme sincère mais excessif du film pousse à se dire qu’une heure et demie aurait largement suffi. Ou alors, qu’il aurait fallu aux Bureaux de Dieu une volonté franche de
s’élever au-dessus du traitement terre-à-terre de son sujet auquel on assiste ici. Sur ce point, les convergences de forme avec Entre les murs – même volonté de garder le récit sur le lieu de travail des protagonistes, et de filmer
ceux-ci à l’horizontale, tous égaux en plans serrés ou américains – rendent inévitable une comparaison sur le fond des deux œuvres, l’une (Les bureaux de Dieu) s’en tenant à une
description honnête mais limitée de faits et gestes et l’autre (Entre les murs) les enrichissant de questionnements sociaux et philosophiques afin de les placer au cœur d’une
réflexion plus générale.

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