• La troisième partie du monde, de Eric Forestier (France, 2008)

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Où ?
Au MK2 Quai de Loire

Quand ?
Dimanche matin

Avec qui ?
Seul, avec une demi-douzaine de personnes

Et alors ?

La troisième partie du monde est un film très ambitieux, qui vise à réussir dans un sous-genre rarement abordé : la science-fiction en chambre. Eric Forestier (dont c’est le
1er long) traite en effet une histoire d’amour contemporaine par le biais de théories d’astrophysique – relativement – avancées, sur les trous noirs et l’entropie (l’augmentation du désordre à
l’échelle de l’univers). Parmi ces 2 théories, il y en a une de trop : si le trou noir est une excellente idée, comme on le verra par la suite, l’application du concept d’entropie à une
relation sentimentale, sur le refrain du « est-ce que ça doit forcément finir mal ? », représente une ficelle bien trop grosse.

Mais revenons à nos trous noirs amoureux. La jolie blonde éthérée Emma (Clémence Poésy) et le craquant chercheur en astrophysique François (Gaspard Ulliel) ont l’un pour l’autre un délicieux coup
de foudre. Après quelques jours passés ensemble à la campagne, François disparaît sans laisser de traces. Quand Emma part à sa recherche avec Michel, le frère de son amant évaporé, elle rend
celui-ci à son tour amoureux d’elle… et à son tour en phase d’effacement – au sens propre. Tandis que l’ambiance générale du long-métrage emprunte volontiers et avec succès aux univers de
Lynch, Kurosawa (l’autre, celui qui fait des films de fantômes comme Cure) ou encore Lost pour les montages brutaux de l’action présente et
de flash-backs, cette séquence de disparition graduelle fait énormément penser au livre Ubik de Philip K. Dick, mais à une échelle intime voire anonyme (3 personnes dans un appartement
vide).

Grâce à sa capacité à concevoir de telles scènes, poétiques et occultes, et à l’aura de mystère qui entoure son héroïne (qui en vient, dans la dernière partie, à se demander si elle n’est pas
elle-même un trou noir affectif), le réalisateur nous tient en haleine jusqu’au bout. Le dénouement en est d’autant plus source de frustration : si il dénote encore d’un vrai talent de
cinéma – il en faut, pour concentrer tout le suspense final de son récit sur l’ouverture d’une porte -, il nous laisse forcément sur notre faim par la façon que Forestier a de ne nous donner
aucune clé quant à l’explication de toute cette histoire. Une conclusion trop facile, ou trop hautaine, que le jeune réalisateur n’a pas encore la maîtrise nécessaire pour faire avaler au
spectateur.

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