• La révolte des sans-terre (documentaire Canal+, 2009)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!



Où ?

A la maison, sur la VOD Canal+

 

Quand ?

Mardi dernier

 

Avec qui ?

Ma femme

 

Et alors ?

 

Reportage de 52 minutes réalisé spécifiquement pour l’émission « Spécial Investigation » de Canal+, et par conséquent visible nulle part ailleurs que sur la chaîne ou son site de VOD
(j’ai cherché), La révolte des sans-terre mérite tout de même quelques mots sur ce blog. On y pénètre au cœur du mouvement brésilien qui se nomme la « Ligue des paysans
sans-terre », une rébellion paysanne confisquant tout ou partie de domaines agricoles aux mains de riches propriétaires terriens (lesquels les ont souvent obtenus de manière frauduleuse), et
y installant des familles pauvres qui subsistaient dans des bidonvilles et peuvent désormais vivre en autosuffisance grâce à l’exploitation des terres réquisitionnées.

 

La révolte des sans-terre souffre des tares habituelles de la production télévisuelle : ici une séquence « choc » de capture par les armes d’une plantation, qui
traîne en longueur et n’apporte rien ; ailleurs, cette obsession de viser un point de vue neutre vis-à-vis du sujet, ce qui pousse à donner la parole à des opposants de la Ligue des
sans-terre, opposants dont les interventions ont bien du mal à convaincre. Mais il ne s’agit là que de manifestations locales, à côté desquelles la grande majorité des scènes sont des
descendantes documentaires de celles, fictionnelles, du récent film consacré par Soderbergh au Che : entraînement militaire avec les moyens du bord et dans une bonne humeur décontractée ; démarchage affable et tranquille du leader
auprès des familles potentiellement candidates à peupler une terre occupée ; importance de maintenir une discipline rigoureuse et une hygiène minimale pour être irréprochables aux yeux des
autorités et des opposants.

La filiation entre les deux témoignages, entre les deux luttes distantes de presque un demi-siècle est éclatante. Ce qui crée un sentiment complexe, car s’il est beau de voir que ces idéaux -
justice sociale, qualité de vie décente pour tous – perdurent envers et contre tout, il est tout aussi triste qu’ils soient encore si difficiles à faire valoir.

(Aparté : dans le même ordre d’idée, et à une échelle encore plus grande, les sources d’indignation et de questionnements du roman de Upton Sinclair « The jungle »
que je viens de finir de lire sont toujours d’actualité aujourd’hui : l’exploitation par la classe dirigeante des salariés non instruits, le gros doute quand à la maintenabilité du modèle
productiviste et consumériste moderne sur une planète aux ressources finies).

Retour dans la jungle de l’Amazonie. La révolte des sans-terre est un verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide en raison de la foi absolue des rebelles dans leur combat, qui
leur fait renverser des montagnes. Et de toute évidence, par rapport à là d’où ils viennent (en 1995, un massacre monstrueux commis par la police envers des occupants désarmés de la
plantation d’Eldorado dos Carajas : 19 morts et des dizaines de blessés, le tout dans la plus totale impunité), les progrès de chaque jour sont immenses. La fin de l’histoire des sans-terre
est encore à écrire ; on espère qu’elle sera plus heureuse que celle du Che et de ses compagnons.

 

Les commentaires sont fermés.