• La maison des sévices (Masters of Horror, saison 1), de Takeshi Miike (Japon, 2005)

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Où ?
Chez moi, en DVD

 


Quand ?

 

Vendredi soir (tard)

 


Avec qui ?

 

Seul

 


Et alors ?

 

La maison des sévices (titre plus laborieux et moins évocateur que l’anglais Imprint) est un « vrai » film, par opposition aux autres
épisodes de la série des Masters of Horror – dont il fait bel et bien partie même s’il n’a jamais eu les honneurs d’une diffusion TV, en raison de sa trop grande violence. En même temps,
la série ne s’appelait pas Masters of bearable [supportable] Horror… mais passons. Entre autres ruptures, l’épisode de Takeshi Miike (Audition) se
distingue par sa volonté de ne pas poser une fois pour toutes les enjeux dans les 5 premières minutes, ce qui est le cas même dans les meilleurs autres Masters of Horror.

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Il s’agit là d’un aspect parmi d’autres au sein de la grande ambition scénaristique (personnages en nombre, flash-backs imbriqués et ressassés, intrigues parallèles) et plastique (la photo est
juste splendide, tout comme les décors) de ce moyen-métrage, qui rappelle en cela le chef-d’œuvre de Miike : son court-métrage La boîte réalisé dans le cadre du
projet 3 extrêmes. La maison des sévices lui est tout de même légèrement inférieur, car on y est moins devant une œuvre d’art que face à une démonstration de
force du cinéaste pour signifier qu’il est au moins aussi bon que les américains dans le domaine de l’horreur. Dès que l’on rentre dans le vif du sujet (et des entrailles), le scénario
minutieusement monté en épingle s’efface ainsi au profit de scènes gore à la durée et à la bestialité outrancières, qu’il s’agisse de torture, de maltraitance d’enfants ou de mutations
repoussantes.

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Si Miike sacrifie ainsi ses persos – au figuré comme au propre –, il ne perd tout de même jamais complètement de vue le fil de son récit, décousu mais puissant à l’image du sensationnel dernier
plan qui boucle le tout de manière virtuose. En 2 œuvres courtes et de commande, le stakhanoviste japonais s’est ainsi placé contre toute attente dans la short-list des réalisateurs d’horreur
portant le genre à son sommet.

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Bonus : histoire de vous motiver un peu, quelques lignes écrites à propos de La boîte à l’occasion de la sortie en DVD zone 2 de 3
extrêmes 
:

La Boîte prouve de manière éclatante qu’il n’y a rien de mieux que le non-dit et la retenue pour marquer durablement les esprits au sein du genre fantastique. Le canevas
est l’histoire d’un duo de soeœurs contorsionnistes dans leur enfance, et dont l’une semble hantée par le fantôme de l’autre une fois devenue adulte. Miike en tire une toile complexe et entêtante
de saynètes à l’enchaînement incertain et à la mise en scène ouatée.






De longs plans fixes, ou aux travellings très lents, et une bande-son dans laquelle non seulement la musique mais aussi les effets sonores et les dialogues sont réduits au minimum – ce qui
aboutit à de nombreuses scènes absolument muettes – sont le prolongement visuel parfait d’un scénario où la réalité se dérobe sans cesse sous nos pieds. La réalisation de Miike fait de
La boîte une œuvre tellement prenante, et où l’identification avec les personnages est si forte, que ce procédé n’apparaît jamais comme un moyen d’enchaîner les
rebondissements à peu de frais. On est irrésistiblement happé par ce mystère, dont la fin ouverte – et plus poétique qu’« extrême » – ne donne qu’une envie : revoir encore et encore cette petite
merveille, non pour comprendre le fin mot de l’histoire mais pour ressentir à nouveau l’ivresse de se perdre dans ses méandres.

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